Ainsi, dans cette recherche de la paternité cérébrale concernant Zola,
l’hérédité intellectuelle existe et a son importance. Il convient de
signaler aussi, parmi ses ancêtres et ses consanguins : les conteurs du
moyen-âge, les auteurs de fabliaux, Rabelais, Diderot, Stendhal, Balzac,
Gustave Flaubert et les Goncourt. La Germinie Lacerteux de ces derniers,
avec le type de Jupillon, devancier plus rude, plus poussé, du Lantier de
l’Assommoir, avec ses tableaux faubouriens, son milieu populaire, eut
certainement une action directe sur l’esprit et la tendance littéraire
nouvelle de Zola, renonçant à la poésie, reniant le romantisme, et voulant
observer et rendre la vie contemporaine.
Avec ses théories sur l’introduction de la méthode expérimentale et de
l’analyse physiologique dans un roman, Zola eut pour première méthode de
se pénétrer du choix des personnages, et de la condition sociale où il les
prendrait. Il voulut les choisir dans des milieux simples, vulgaires même.
Il décidait de nous intéresser à des passions, à des souffrances, à des
luttes, dont les héros et les victimes seraient, non plus des rois, des
princesses, des guerriers fameux, mais des commerçants, des ouvriers, des
femmes qui détaillent de la charcuterie, ou qui repassent le linge. Ce
choix spécial et éliminatoire des acteurs et du décor du drame, cette
sélection vulgaire, ce sont des procédés, formant système, qui constituent
l’école naturaliste, opposée à l’école romantique, comme aux classiques,
aux romanciers mondains et aux feuilletonistes populaires.
Il résolut de renoncer aux poèmes, comme aux contes fantaisistes, et aux
romans d’imagination, pour traiter des sujets d’observation, pour étudier
des êtres et des faits de la vie réelle, des cas physiologiques aussi, en
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