Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée

en un mélo de l’Ambigu, pour faire tableau, à l’heure de la mort. Si toutes les femmes qui trompent leur mari avalaient de l’arsenic, ce produit deviendrait si rare qu’il serait presque impossible de s’en procurer chez le chimiste. La Bovary n’eût-elle pas été plus logique, plus dramatique aussi, puisque l’auteur admettait un dénouement tragique, et peut-être plus vraie, empoisonnant son mari, afin de satisfaire l’assouvissement de sa haine méprisante pour ce benêt encombrant, afin d’épancher sans contrainte ses désirs de l’amour libre. Quant à Homais, qui n’est qu’un frère de Joseph Prudhomme, Zola en eût fait un type autrement large, probablement excessif et surhumain, comme ses Nana et ses Coupeau. Il fût devenu, dans les mains de Zola, un gigantesque Cassandre, une incarnation outrancière, démesurée, épique, de la sottise humaine, de la bêtise à front de taureau, ombragé de la calotte à glands de l’apothicaire de chef-lieu de canton. Ici, je vais me répéter. La répétition n’est pas une faute quand elle est voulue, calculée. C’est le redoublement du verbe, quand on veut convaincre, supplier ou ordonner, c’est la consonne d’appui qui rend plus sonore la rime et plus versifié le vers, c’est le une-deux de l’escrime, coup redoutable, c’est l’aval du billet, le contreseing du décret, c’est le trille renouvelé du rossignol, dans la nuit, faisant le beau sur la branche et rappelant sa compagne hésitante, c’est la phrase réitérée du leitmotiv annonçant et caractérisant le héros d’opéra, c’est les deux mains serrées pour affirmer l’accord, et les deux joues baisées pour proclamer l’union, c’est aussi le clou des annonces représenté s’enfonçant, sous le marteau, dans le crâne des liseurs, où il s’agit de faire pénétrer quelque chose. Pas de meilleur moyen mnémotechnique