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conduite des fondations au faîte, apparaît, et est réellement, plus imposante et plus grandiose que celle de l’éminent auteur de Mme Bovary, chef-d’œuvre isolé, par conséquent moins dominateur. Salammbô et la Tentation de saint Antoine sont des œuvres travaillées, érudites, philosophiques, d’une grande valeur, mais on y trouve vraiment beaucoup trop de rhétorique, et le naturalisme, le réalisme, ou, pour parler sans « ismes », la représentation de la société contemporaine et la reproduction de la vie en sont trop absentes, pour que nous puissions, sur le terrain de la vérité observée et rendue, mettre Flaubert et Zola sur le même plan. La montagne est grande et belle, la mer aussi, mais elles ont, l’une et l’autre, une grandeur propre, et chacune affirme une beauté qui n’est pas à opposer à l’autre. En reprenant la supposition, émise à propos du roman de Duranty : si Zola eût entrepris le sujet de Mme Bovary, il l’eût certainement traité d’une façon moins « réaliste » . La noce de campagne, le bal à la Vaubyessard, la chevauchée dans la forêt, le comice agricole, même la fameuse promenade dans le fiacre jaune aux stores baissés, persiennes fragiles et abris fort indiscrets de luxures peu secrètes, ces tableaux vigoureux n’eussent pas été plus largement brossés ; mais Zola eût sans doute grandi et rendu plus tragique, donc plus intéressante, cette Bovary, qui est une Henriette Gérard tournant mal, et qui n’a pas peur d’être trimballée en sapin. Il ne l’eût pas ornée d’une fillette, sans tirer parti de la présence de l’enfant, gêne et obstacle, sinon remords et châtiment, dans les expansions de l’adultère. Il aurait évité surtout, je crois, le dénouement banal, et à la portée de tous les romanciers, du suicide dans la boutique du pharmacien, avec l’aveugle revenu exprès, comme