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qu’on pourrait nommer subjectives, de l’art théâtral, c’est-à-dire la trouvaille des sujets, l’étude et le rendu des caractères, le choc des situations, le mouvement des personnages et le choix de leurs faits et gestes, devant, dans leur synthèse mimée et parlée, fournir l’analyse de leurs sentiments, de leurs pensées, de leurs individualités. Ensuite, il rencontra, lui barrant la route, les obstacles extérieurs et matériels, contre lesquels plus d’une intention scénique s’est brisée net : la confection définitive de la pièce, sa mise au point pour l’optique des planches, et enfin les démarches, les attentes, les sollicitations et les tiraillements, avant d’être joué, afin de l’être. La volonté n’est pas l’audace. Zola était un grand timide. Les fameux « hommes de théâtre » sont généralement des gaillards résolus, sceptiques, marchant carrément dans la vie, le chapeau sur l’oreille, ayant beaucoup de l’aplomb du commis-voyageur, exhibant la crânerie du candidat politique : voyez les deux Dumas, l’un exubérant, l’autre froid théoricien ; Scribe intrigant et souple ; Victorien Sardou alerte et séduisant ; Maurice Donnay cambriolant l’Institut avec la pince-monseigneur de feu Salis ; Alfred Capus proclamant sa veine et faisant, avec ses allures félines, et son sourire bénin, le fracas du joueur chançard, tous ces triomphateurs de l’arène théâtrale sont des lutteurs rudement musclés, et dont pas un n’a jamais eu froid aux yeux, ni crampe aux mollets. Zola n’était pas taillé pour se mesurer avec ces Alcides du plateau, et il n’était pas surtout disposé à leur disputer la place. Il ne pouvait supporter de paraître combattre dans un rang secondaire. Il s’était reconnu, la vingt-cinquième année sonnée, peu apte à devenir un poète lyrique de premier ordre : il cessa d’écrire en vers ;