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sont, sans doute, puissantes : signées de Beaumarchais ou de Dumas fils, elles eussent probablement « été aux nues » . Mais on ne pouvait tolérer que Balzac s’imposât deux fois au public, et l’on ne saurait admettre qu’à deux reprises, en invoquant tour à tour le livre et la scène, un même auteur se permît de solliciter le public, en demandant : la gloire, s’il vous plaît ? Grand homme, on vous a déjà donné ! Comme Balzac, Zola et les Goncourt, le grand Gustave Flaubert fut écarté incivilement de la scène, et on le contraignit à retirer dignement son Candidat, après quelques représentations. En même temps, on le renvoyait à sa Bovary. L’insuccès de Bouton de Rose fut éclatant. J’en ai suivi de près les incidents. J’avais alors, comme il a été dit plus haut, la direction des services littéraires du Bien Public. C’était un grand journal républicain quotidien, à 10 centimes, paraissant à 4 heures, comme le Temps. Son propriétaire était M. Menier, le fameux chocolatier, député de Seine-et-Marne, économiste distingué, auteur d’ouvrages remarquables et remarqués sur les systèmes d’impôts, principalement cité, loué, combattu et raillé, à propos d’un certain projet d’impôt, non pas sur le revenu, mais sur le capital, dont il était le promoteur. Le Bien Public, d’allure et de ton modérés, s’adressant à une clientèle plutôt bourgeoise et « opportuniste », le terme n’était pas inventé, mais la chose existait, présentait ce caractère singulier d’avoir une rédaction beaucoup plus avancée, beaucoup plus radicale que ne semblait le comporter son public, sa direction, son allure et son classement dans les grands organes parisiens. Yves Guyot en était le rédacteur en chef. Les rédacteurs