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passé un traité peu ordinaire. C’était un forfait. L’éditeur devait donner à « son » auteur des appointements fixes, comme à un employé. Six mille francs l’an, payables par fractions mensuelles de cinq cents francs. Zola avait accepté d’enthousiasme. C’était le salut ! C’était le pain quotidien suffisamment accompagné de rôti et de légumes, c’était aussi la fixité dans les recettes, la régularité dans son petit budget. Il retrouvait, avec moins de sécurité, mais avec plus d’avantages métalliques, sa situation de commis de la maison Hachette, voyant, au bout de chaque mois, tomber la somme fixée, sans redouter l’incertitude et l’irrégularité des gains littéraires. En échange de cette mensualité, l’écrivain au fixe devait fournir deux romans par an. Il était stipulé que, si ces romans paraissaient dans des journaux, l’éditeur devrait prélever son remboursement des six mille francs par lui dus, et alors l’auteur recevrait, outre le surplus de la somme payée par les journaux, 40 centimes par volume en librairie. Ce traité paraissait assez avantageux pour l’auteur, étant donnée sa réputation encore à faire. Si ses romans n’étaient pas placés dans des journaux, il était assuré de les vendre 3.000 francs pièce, et il touchait le prix, partiellement, d’avance. La vie matérielle se trouvait assurée. En même temps, il était astreint à une production constante et régulière. Ce traité ne fut pas exécuté à la lettre. La guerre, d’abord, interrompant, retardant la publication dans le Siècle du feuilleton la Fortune des Rougon, mit un arrêt au fonctionnement des clauses stipulées : l’éditeur devait être remboursé des six mille francs annuels, par lui dus ou versés, mais il était nécessaire, pour cela, que l’auteur les eût encaissés d’un