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plus ambitieux que les groupes que Zola sut former. Les personnages de Scribe, de Murger ou de Balzac, se devaient faire la courte échelle pour arriver aux places, aux honneurs. Les compagnons de Ferragus étaient des aventuriers sombres, presque des bandits, les amis de d’Arthez et de Rastignac, de Maxime de Trailles et de Marsay s’efforçaient surtout, en se groupant, de lutter avec succès pour la vie, c’étaient des « forelifeurs » avant la lettre et des « arrivistes » de la première heure. Les Buveurs d’eau se coalisaient pour duper les parents, les propriétaires, les tailleurs, et finir par épouser des filles de commerçants, bien dotées. Les trois groupes à la tête desquels Zola se trouva placé successivement, groupes dont il était l’organisateur, le président et l’âme, —groupe provençal, groupe des Batignolles, groupe de Médan, —furent surtout des associations de pensées communes, d’aspirations artistiques identiques, de doctrines littéraires et de théories dramatiques ; des collaborations d’âme, sans grande préoccupation de la réussite matérielle ; des unions d’intelligences, et non des associations d’appétits. Le dernier groupe à la tête duquel Zola se trouva porté, le groupe de l’affaire Dreyfus, fut surtout un comité d’action, de propagande et d’agitation. Lors de sa formation, Zola y vit seulement une force organisatrice propre à répandre et à imposer son sentiment, sur le problème soulevé par l’accusation, et pour entourer et soutenir l’homme dont il assumait la défense. Il ne chercha, dans ce groupement, ni un marchepied pour s’élever au pouvoir, ni un instrument de fortune. Zola, comme il y a, dans Edgar Poë, l’homme des foules, fut donc l’homme des groupes. Il n’admettait, d’ailleurs, que des cercles fermés, épurés. De son hérédité