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grossis, éclatants, effrayants, des défauts jusque-là inaperçus. Il eût souhaité reprendre son manuscrit. Qu’allait penser M. Hachette ? Qu’allait-il dire surtout ? Gronderait-il son employé d’avoir, pour ainsi dire, violé son home d’éditeur et son cabinet de patron ? Lui reprocherait-il le dépôt clandestin de ce poème ? Peut-être lui ferait-il comprendre, rudement, qu’il était dans la maison à titre de commis, et non d’auteur, et qu’au lieu de perdre son temps de liberté à écrivasser il ferait mieux de se reposer, afin d’être plus dispos en reprenant, le lundi, sa place au bureau. Les préoccupations littéraires ne devaient-elles pas lui ôter du zèle et de l’attention pour son service, qui, bien que se rapportant aux lettres, était avant tout labeur administratif et tâche commerciale ? Ses transes prirent fin vers midi. M. Hachette le fit appeler. Une fois dans son cabinet, l’éditeur indiqua au commis, grave et se raidissant, le fauteuil auprès de son bureau. En le faisant asseoir, il le traitait donc, non plus en employé subalterne, mais en visiteur, presque déjà en auteur de la maison ? Du coup, Zola vit l’Amoureuse Comédie exposée aux vitrines des gares, dont les Hachette disposaient. M. Hachette, avec amabilité, lui dit qu’il avait lu son recueil de poèmes, qu’il y avait constaté de la verve, du souffle et une certaine éloquence, mais qu’il ne croyait pas que la versification fût réellement dans « ses cordes » . Les livres de vers, il devait le savoir, ne rentraient pas, d’ailleurs, dans le genre des publications de la maison. Le grand libraire, pour adoucir ce que le refus d’éditer, implicitement contenu dans cette critique, pouvait avoir de pénible pour le jeune auteur, ajouta que