Page:Leoty - Le Corset à travers les âges, 1893.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
ORIGINES DU CORSET.

« Donne-moi ce charme amoureux, cet attrait qui te soumet tous les immortels et les hommes mortels… » Vénus, au gracieux sourire, lui répondit : « Il n’est ni possible ni convenable que je rejette ta demande ; car tu dors dans les bras du tout-puissant Jupiter. » À ces mots, elle détacha de son sein sa ceinture brodée, d’un merveilleux travail ; toutes les séductions s’y trouvaient réunies, et l’amour, et le désir, et le doux entretien qui charme et dérobe le cœur même des plus sages. Vénus la lui remit donc entre les mains, prit la parole et dit : « Prends et cache dans ton sein cette ceinture d’un merveilleux travail, qui renferme tous les attraits ; et je ne pense pas que tu reviennes sans résultat, quoique tu médises dans ta pensée. » Elle dit et l’auguste Junon, la déesse aux grands yeux, sourit ; et, quand elle eut souri, elle cacha la ceinture dans son sein…


Un passage du poète latin Térence nous indique l’usage que l’on faisait des bandelettes au iie siècle avant Jésus-Christ. Chéréa, dans la comédie Eunuchus (acte II, scène iv), s’adressant à l’esclave Parménon, son confident, et parlant d’une beauté dont il était épris, s’écrie :

Ce n’est pas une jeune fille comme les nôtres, que leurs mères obligent à se rabattre les épaules, à se sangler la poitrine, pour avoir une taille mince. Si quelqu’une est un peu plus solidement taillée, on dit qu’elle tourne à l’athlète, on lui rogne les vivres, et elles ont beau être nées avec une bonne constitution, on ne fait pas moins