Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t1, 1880, trad. Aulard.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment ses yeux sur mes yeux et me dit : « Tu oublies, ô mon ami, que je suis dépouillée de ma beauté ? C’est en vain, ô infortuné, que tu t’échauffes et que tu frémis d’amour. Or, finalement adieu. Nos malheureuses âmes et nos chairs sont séparées pour l’éternité. Tu ne vis plus et jamais tu ne vivras pour moi : déjà le destin a rompu la foi que tu m’as jurée. » Alors, voulant crier d’angoisse, me pâmant, et les yeux mouillés de larmes désespérées, je m’arrachai à mon sommeil. Elle me restait pourtant dans les yeux et dans le rayon incertain du soleil il me semblait encore la voir.