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XIII

LE SOIR DU JOUR DE FÊTE.

(1819.)


Douce et claire est la nuit, et sans vent, et tranquille sur les toits et au milieu des jardins se pose la lune, et elle éclaire au loin toutes les montagnes de sa lueur sereine. Ô ma dame, déjà se tait chaque sentier, et aux balcons brillent de rares lampes nocturnes. Tu dors : un songe léger t’a saisie dans ta chambre paisible et aucun souci ne te mord ; et tu ne sais plus ni ne penses quelle blessure tu m’as ouverte au milieu du cœur. Tu dors : moi, je me présente pour saluer ce ciel, dont la vue paraît si clémente, et l’antique nature toute puissante qui me fit pour la douleur. Je te refuse l’espérance, me dit-elle, même l’espérance, et tes yeux ne brilleront que de larmes. — C’était fête aujourd’hui : tu te reposes des amusements et peut-être te souviens-tu en rêve de tous ceux à qui tu as plu aujourd’hui, et de tous ceux qui t’ont plu : moi, je ne l’espère pas, non, je ne reviens pas à ta pensée. Cepen-