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V

À UN VAINQUEUR DU JEU-DE-PAUME.

(1824.)


Apprends, noble jeune homme, à connaître le visage et l’agréable voix de la gloire, et combien la vertu laborieuse est au-dessus d’un loisir efféminé. Applique-toi, applique-toi, magnanime champion, si tu veux ravir la gloire, comme une proie, au torrent des années ; applique-toi et lève ton cœur vers de hauts désirs. L’arène retentissante, le cirque et les frémissements de la faveur t’appellent à des actes illustres. Tu es fier de ta jeunesse et la patrie aimée te prépare aujourd’hui à renouveler les antiques exemples.

Il ne teignit pas sa droite du sang barbare à Marathon, celui qui regarda stupidement les athlètes nus, le champ d’Élée et la palestre périlleuse ; la palme bienheureuse et la couronne ne le piquèrent pas d’émulation. Et sans doute il avait lavé dans l’Alphée la crinière poudreuse et les flancs de ses cavales victorieuses celui qui guida les enseignes grecques et les épées grecques dans les pâles ba-