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III

À ANGELO MAÏ
quand il eut trouvé la République de Cicéron.

(1820.)


Courageux Italien, dans quel dessein ne cesses-tu jamais d’éveiller nos pères dans leurs tombes et les mènes-tu parler à ce siècle mort, sur lequel pèse un tel nuage d’ennui ? Et comment viens-tu si forte et si fréquente à nos oreilles, voix antique des nôtres, morte depuis si longtemps ? Et pourquoi tant de résurrections ? En un éclair les manuscrits sont devenus féconds : les cloîtres poudreux ont caché et gardé pour l’âge présent les généreuses et saintes paroles des aïeux. Et quelle force t’inspire le destin, noble Italien ? Ou est-ce peut-être que le destin lutte en vain contre la force humaine ?

Certes, ce n’est pas sans un profond dessein des dieux qu’au moment où notre oubli sans espoir est le plus paresseux et le plus lourd, un nouveau