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Votre mémoire aux cœurs où brûle nuit et jour
De l’Italie en deuil le douloureux amour.

Que cet amour, amis, l’amour de l’Italie,
Cette mère sous tant de maux ensevelie,
La Niobé de qui nul n’a compassion
En ce monde, et qui fut la grande nation,
Que cet amour, ô fils pieux, vous aiguillonne !
Par vous, que la pitié se réveille et couronne
Votre œuvre ! Que ce deuil, cette immense douleur
Baignant de pleurs ses yeux et son front de pâleur,
Que l’indignation, s’inspirant de l’outrage,
Pour nos derniers neveux consacre un tel ouvrage !
Quels vers pourraient jamais vous louer dignement,
Quel chant s’égalerait à votre dévouement,
Vous qui donnez vos soins, vos conseils, votre zèle,
Vos mains, votre génie à cette œuvre immortelle,
Monument filial qui vous fera bénir
Et dans l’âge présent et dans l’âge à venir !
Artistes-citoyens à l’âme mâle et tendre,
Fervents amis, quel chant puis-je vous faire entendre ?
Où trouver des accents qui puissent dans vos cœurs
De votre ardent amour accroître les ardeurs ?

Que la sublimité du sujet vous inspire !
Que cet âpre aiguillon à votre œuvre conspire !
Enthousiasme saint, poétique fureur,
De l’inspiration orage intérieur,
Qui vous dira ? Qui peut traduire par des rimes