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I

À L’ITALIE

(1818)



Je vois tes monuments, tes arcs, ô ma patrie !
Les temples, les palais qu’éleva ton génie,
Je vois tes murs, les tours qu’habitaient nos aïeux :
Je ne vois plus leur gloire ! Et vainement mes yeux,
Éblouis du passé, cherchent des jours prospères
Le glaive et le laurier ceints jadis par nos pères !
Gloire, glaive, laurier, comme un rêve effacé,
Il ne reste plus rien d’un illustre passé.
Maintenant désarmée et la poitrine nue,
En quel abaissement tu parais à ma vue,
Toi si grande autrefois ! Hélas ! quelle pâleur !
Quelle navrure au flanc ! quelle immense douleur !