disciples Tzeu-lou et Tzeu-koung qui se disaient entre eux : Le Maître a été chassé de Lou deux fois, intercepté à Wei une fois. A Song, on a abattu l’arbre qui l’abritait. Il a été en grand péril à Chang et à Tcheou. Maintenant le voilà assiégé ici. On désire qu’il périsse, sans oser le tuer : mais celui qui aura fait le coup ne sera certainement pas puni. Le Maître sait cela, et joue de la cithare. Est ce un Sage, celui qui se rend si peu compte de sa situation ? — Yen-Hoei rapporta ces paroles à Confucius qui, cessant son jeu, soupira et dit : Ce sont deux esprits sans portée. Appelle-les, que je leur parle ! — Quand ils furent entrés, Tzeu-lou dit à Confucius : Cette fois-ci, c’en est fait ! — Non, dit Confucius. Tant que la doctrine d’un Sage n’a pas été réfutée, ce n’est pas fait de lui. Entré en lice, pour la bonté et l’équité, à une époque de passions et de troubles, il est naturel que j’éprouve de violentes oppositions, mais ce n’en est pas fait de moi pour cela. Ma doctrine est irréfutable, et je n’en dévierai pour aucune persécution. Les frimas de l’hiver ne font ressortir qu’avec plus d’éclat la force de résistance du cyprès, qu’ils n’arrivent pas à dépouiller de ses feuilles. Il en adviendra de même, pour ma doctrine, de cet incident entre Tch’enn et Ts’ai. ... Cela dit, Confucius reprit, avec un air digne, sa cithare et son chant. Tzeu-lou converti saisit un bouclier et dansa la pantomime. Tzeu-koung dit : J’ignorais combien le ciel est haut au dessus de la terre (le Sage au dessus du vulgaire). — Les anciens qui possédaient la science du Principe étaient également contents dans le succès et l’insuccès. Car le succès et l’insuccès leur étaient également indifférents. Leur contentement provenait d’une cause supérieure, de la science que le succès et l’insuccès procèdent pareillement du Principe, fatalement, inévitablement, comme le froid et le chaud, comme le vent et la pluie, en une succession et alternance à laquelle il n’y a qu’à se soumettre. C’est en vertu de cette science que Hu-You fut content au nord de la rivière Ying, et Koung-pai au pied du mont K’iou-cheou (Paragraphe suspect, probablement interpolé. Comparez Tchoang-tzeu chap. 17 C ; chap. 20 G et chap. 20 D.)
I. Chounn[1] ayant offert son empire à son ancien ami Ou-tchai : Fi donc ! dit celui-ci. Vous avez quitté les champs pour la cour, et maintenant vous voulez que moi aussi je me dégrade. Je ne vous connais plus !.. Cela dit, Ou-tchai alla se jeter dans le gouffre de Ts’ing-ling. — Avant d’attaquer (le tyran) Kie, (le futur empereur) Chang consulta Pien-soei, qui lui répondit : Cela n’est pas mon affaire. ... Alors qui consulterai-je ? demanda Chang. ... Je ne sais pas, dit Pien soei. ... Chang s’adressa à Ou-koang, qui répondit aussi, ce n’est pas mon affaire, je ne sais pas. ... Alors T’ang dit : Si je demandais conseil à I-yinn ?.. Parfait ! dit Ou-koang. Grossier et plat, cet homme a ce qu’il faut pour servir vos desseins ; il n’a d’ailleurs que cela. — Conseillé par I-yinn, Chang attaqua Kie, le vainquit, puis offrit le trône à Pien-soei. Celui-ci dit : Mon refus de vous donner aucun conseil aurait dû vous faire comprendre que je ne veux pas avoir de part avec un voleur ; et voilà que vous m’offrez votre butin ! Faut-il que ce siècle soit pervers pour qu’un homme sans conscience vienne par deux fois essayer de me souiller par son contact ! On ne me fera pas une troisième fois pareille injure. ... Cela dit, Pien-soei se noya dans la rivière Tcheou. — Alors T’ang offrit le trône à Ou-koang, avec ce boniment : Un Sage (I-yinn) a fait le plan (du détrône-
- ↑ Démolition systématique des parangons confucéens.