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Introduction.

et costumée à l’instar de la féerie céleste des 九霄 neuf empyrées. Les entretiens de l’empereur avec les êtres transcendants qui le visitaient, furent rédigés et publiés. En 1123 l’invasion des Tartares Kinn mit fin au règne de l’empereur Hoei-tsoung, et aux progrès du Taoïsme.

Mais, si les doctrines taoïstes n’ont plus avancé depuis lors, elles n’ont reculé en rien. Elles sont restées ce qu’elles étaient au douzième siècle, un théisme bien caractérisé, avec culte accessoire des Chenn Tchenn et Sien, 玉皇 le Pur Auguste, la seconde personne du 三洞 triple mystère, représentant pratiquement la divinité. C’est à lui que le Taoïste chante, comme exorde de ses prières quotidiennes : « Ô Seigneur du palais d’or et de la voûte d’azur. Très haut, Pur Auguste, Adorable ! Toi qui es au-dessus de tous les cieux. Toi dont la douce lumière éclaire tout le monde. Maître des Sages et des Saints. Appui des génies et des hommes. Charitable prédicateur de la doctrine sublime. Vérité une qui montres le chemin aux insensés. Quoique je sois tout à fait indigne, reçois mon hommage pour toujours[1] »




Divisions de la Patrologie taoïste, d’après la préface de 李杰 Li-kie.


Au commencement fut le 妙一 mystérieux Un, distingué en 三元 trois Principes aussi appelés 三清 les trois Purs, le Céleste, l’Intelligence, l’Esprit. Chacun des trois Purs a son orbe propre, son 清境 pur domaine, son ciel ; termes qu’il faut entendre, non comme des zones physiques, distinctes, mais au point de vue 主治 de la primauté d’honneur seulement. Les noms des trois Purs et de leurs orbes sont à retenir, car ils font partie du titre de tous les livres censés émanés de l’un d’entre eux. Le Céleste 天寶君 règne sur l’obre 玉清境. L’Intelligence 靈寶君 règne sr l’orbe 上清境. L’Esprit 神寶君 règne sur l’orbe 太清境. Les trois caractères 玉上太 sont des épithètes nobles, qui ne signifient rien ici. Ces trois Principes donnèrent aux hommes chacun sa doctrine. Le Céleste leur donna le 洞真教, l’Intelligence le 洞玄教, l’Esprit le 洞神教. Dans ces termes, signifie mystère, doctrine ; 真玄神 sont des épithètes dont il ne faut pas presser le sens[2]. En conséquence, la Patrologie taoïste est divisée en trois grandes sections[3], le 洞真部, le 洞玄部, et le 洞神部. Dans chacune de ces trois sections, les traités principaux, fondamentaux, ne portent pas de signature humaine. C’est qu’ils sont censés être émanés du Ciel, de celui des

  1. Il ne faut pas confondre les 三清 trois Purs, avec les 三教 trois Doctrines, représentées par leurs maîtres, Confucius, le Bouddha, et Lao-tzeu. Les temples des trois Purs sont nombreux. Il y a de rares temples des trois Doctrines, élevées en des temps où l’on tenta de 三教爲一教 fusionner les trois doctrines.
  2. Peut-être réminiscence de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament, de l’enseignement de l’Église.
  3. Les Bouddhistes ayant trois véhicules depuis la traduction du Saddharma-pundarika-sutra au troisième siècle, les Taoïstes expliquent que leurs trois mystères répondent aux trois véhicules des Bouddhistes. Assertion gratuite, pour faire croire que qualitativement ils valent leurs concurrents ; comme ils ont multiplié les traités, pour avoir quantitativement autant qu’eux.