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Introduction.

Sounn-k’uan au plus haut degré. — Or, raconte la tradition taoïste, durant la période 赤烏 Tch’eu-ou, c’est-à-dire entre 238 et 250, ce Ko-huan s’étant retiré dans les monts 天台 Tien-t’ai, y eut des visions et des révélations. Le 太上 T’ai-chang, Suprême[1], lui envoya 三聖真人 trois Saints transcendants, lesquels étant 下降 descendus du ciel sur la terre, lui enseignèrent 靈寶經 Ling-pao-king, le texte du Ling-pao[2]. Leurs noms étaient : « de la suprême et originale Unité le premier être transcendant U-louo-hiao[3] »… « de la suprême et originale Unité le second être transcendant Koang-miao-yinn resplendissante mystérieuse Parole »… « de la suprême et originale Unité le troisième être transcendant Tchenn-ting-koang Lumière vérifiante et confirmante ». — Le Suprême envoya de plus à Ko-huan un certain 徐來勒 Su-lai-lei[4], pour 為孝先作三洞法師 être son maître dans la doctrine du triple mystère. Ce personnage lui communiqua 23 traités et 10 gloses, en tout 33 livres. — D’autres textes taoïstes, qui sont des résumés, disent que Ko-huan eut une révélation du 天真王 Vrai roi du ciel. — Il me paraît ressortir de ce qui précède, que Ko-huan communiqua certainement avec au moins un Amidiste, et probablement avec un chrétien. Les données susdites, me paraissent être chrétiennes, pas amidistes. Ko-huan les comprit à sa manière[5], et les amalgama avec son Taoïsme. La tradition taoïste nous apprend qu’il transmit son système à son disciple 鄭思遠 Tcheng-seuyuan et à son neveu 葛少傅 Ko-chaofou. Le neveu la transmit à son fils 葛悌 Ko-ti, lequel la transmit à son fils 葛洪 Ko-houng, autrement 抱朴子 Pao-p’ou-tzeu, le fameux auteur taoïste du quatrième siècle, dont j’analyserai les œuvres.


雲笈七籤。上清源統經目注序。Sous le règne de l’empereur 成帝 Tch’eng-ti des Tsinn, 326 à 342, un certain 王襃 Wang-pao, mort depuis trois cents ans, apparut à la fameuse contemplative taoïste 魏華存 Wei-hoats’ounn, et lui remit les grimoires par l’étude desquels lui-même, dit-il, était arrivé à l’état de Tchenn. Cette femme monta au ciel (mourut) en 334, laissant les livres à son fils, qui les donna à un certain 楊羲 Yang-hi, personnage qui paraît avoir joué un rôle important dans l’évolution du Taoïsme. À l’occasion de leur remise à Yang-hi, les livres sont appelés 上清大洞真經三十一卷 les 31 sections du texte transcendant du grand mystère de la suprême pureté, c’est-à-dire du plus haut des cieux[6].

  1. Ce terme équivaut au Altissimus des liturgies chrétiennes.
  2. Nous verrons bientôt que c’est là le nom ordinaire de la deuxième personne de la trinité taoïste ; ling intelligence, pao n’étant qu’un complément honorifique. Ce nom est devenu comme le symbole du Taoïsme moderne.
  3. Certainement la translittération d’un nom étranger, Eloha je pense, qui est translittéré A-louo-ho, sur la stèle nestorienne de Si-nan-fou, cinq siècles plus tard. — Si ces données sont chrétiennes, comme je le pense, nous aurions ici le plus ancien document chrétien chinois existant ; avant Dèce et Dioclétien ; deux siècles avant Nestorius.
  4. Certainement un nom étranger translittéré, peut-être un Grec ou un Romain.
  5. Que ce païen ait additionné Dieu avec ses trois Personnes, n’étonnera pas quiconque a fait le catéchisme à des païens.
  6. D’après tous les commentaires, chang-ts’ing est un lieu, le plus élevé et le plus pur de tous les cieux. Ta-tong, le grand mystère, est la somme du San-tong triple mystère. — Les nombres des livres ne concordent pas avec la Bible des Juifs de Babylone et des Juifs de l’Inde. Je pense qu’il n’y a pas lieu de chercher dans cette direction.