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mes augustes Ancêtres. Voici que le Ciel a fait descendre sur moi la maladie. Bientôt je ne pourrai plus ni remuer ni entendre. Écoutez l’expression dernière de ma volonté. Protégez respectueusement mon fils aîné [^ij] Tchao, aidez-le efficacement dans les difficultés de sa charge, préservez-le de toute imprudence. — L’empereur ayant fini de parler, les princes et les officiers se retirèrent. Le lendemain, deuxième jour du cycle, l’empereur mourut. Le troisième jour du cycle, le prince Tchao fut installé dans l’appartement qu’il habiterait durant le deuil. Le quatrième jour du cycle, les dernières volontés de l’empereur Tch’eng furent transcrites au net par les Annalistes, sur des lattes de bambou. Le dixième jour du cycle, les apprêts des funérailles commencèrent. Tout fut disposé comme pour les audiences impériales. Le trésor de l’empereur fut étalé. Des gardes furent postés à toutes les avenues. Le prince Tchao et les officiers, tous en grand deuil, montèrent par l’escalier latéral, à la salle haute où se trouvait le cercueil contenant le corps de l’empereur Tch’eng, et se rangèrent des deux côtés. Alors le Grand Tuteur maire du palais durant la période du deuil, le Grand Annaliste et le Grand Cérémoniaire, montèrent par l’escalier principal. Le Grand Tuteur portait le sceptre impérial, le Grand Annaliste portait ses tablettes, le Grand Cérémoniaire portait la forme de contrôle des sceptres d’investiture et la coupe pour les libations… Devant le cercueil, le Grand Annaliste lut d’abord au prince T'chao ce qui était écrit sur les tablettes. Assis sur son trône, l'auguste empereur a déclaré ses dernières volontés. C’est vous qu’il a chargé de régner sur l'empire des Tcheou ; de continuer le gouvernement des empereurs Wenn, Ou, et le sien ; de donner la paix au peuple en appliquant les lois. — Le prince Tchao qui avait écouté cette lecture agenouillé à côté du cercueil, se prosterna deux fois, puis dit : Moi le plus faible des enfants, serai-je capable de gouverner comme mes pères les quatre régions, et de m’acquitter comme eux du redoutable mandat du Ciel ?.. Puis, s’étant relevé, il toucha le sceptre impérial et la forme des sceptres d’investiture, signe de la collation du pouvoir suprême. Prenant ensuite la coupe pleine, il fit trois libations devant le cercueil de son père. Après la troisième, le Grand Cérémoniaire lui dit : Votre offrande a été agréée. — Ensuite le Grand Tuteur prenant une autre coupe, fit aussi trois libations au nom des officiers, puis salua à genoux le cercueil du défunt. Prés du cercueil, le nouvel empereur lui rendit son salut, au nom de son père. Alors la grande salle, devenue temple provisoire, fut évacuée par tous. — Cependant le nouvel empereur ayant revêtu le costume impérial, reçut dans la cour entre la quatrième et la cinquième porte, l’hommage des feudataires accourus à la capitale durant ces dix jours. Ils étaient rangés en deux lignes se faisant face, des deux côtés de la cour, chacun tenant son sceptre d’investiture. Quand le nouvel empereur parut, ils levèrent tous leurs sceptres, tendirent des présents et dirent : Nous vos sujets et les défenseurs de l’empire, nous prenons la liberté de vous offrir ces produits de nos régions… Ensuite, s’étant mis à genoux, ils se prosternèrent deux fois. — L’empereur leur rendit leur salut, puis parla ainsi : Mes ancêtres les empereurs Wenn et Ou, ont créé les fiefs, pour qu’ils fussent les boulevards de l’empire. En ce faisant, ils ont travaillé pour moi leur successeur. Vous aurez tous soin, j’espère, de m’obéir et de me servir, comme vos pères ont servi mes prédécesseurs. Présents de corps dans vos fiefs, soyez toujours présents de cœur à la cour de l’empereur. Partagez ma sollicitude, secondez mes efforts, ne vous attirez