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servis étaient traités dans le temple des Ancêtres. Pour eux il n’y eut jamais rien, dans l’antiquité, au tertre du Ciel. Seuls les Fils du Ciel trouvaient place au tertre, dans l’entourage du Souverain. (Annales, Chao-kao.)

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F.   Dans les odes rituelles qui se chantaient durant les offrandes, au temps de l’empereur Tch’eng, entre 1014 et 1008, je cueille les passages suivants. — L’empereur chante : « Oh ! prenons garde, prenons garde ! Le Ciel observe et juge. Son mandat n’est pas facile à conserver. Ne dites pas, il est tout en haut, il est bien loin. Non, il monte et descend sans cesse, il est présent à nos actions. Tout le jour il est là, examinant toutes choses. L’action du Ciel sur tous les êtres, est imperceptible, mais incessante. Je brûle de la graisse pétrie avec de l’armoise, pour obtenir une heureuse année. L’odeur de cette offrande s’élève, et le Souverain d’en haut en est réjoui. Glorieux et resplendissant Souverain d’en haut, j’attends de toi une moisson abondante. » — Au nom des Ancêtres, le Cérémoniaire dit à l’empereur après l'offrande : « Le Ciel vous a comblé de biens, vous a protégé, vous a donné le mandat. De par le Ciel, toutes ces faveurs sont confirmées, sont augmentées. » Les hôtes de l’empereur qui ont assisté à l’offrande, concluent : Que le Ciel vous protège et vous conforte, vous comble de biens et de prospérité ! Puissiez-vous jouir de ses bienfaits sans cesse ! » (Odes, King-tcheu, Wei Tien-tcheu ming, Cheng-minn, Tch’enn-koung, Kia-lao, Tien-pao.)

En 1008, se sentant mortellement atteint, l’empereur [^] Tch’eng dit : « C’est le Ciel qui m’a envoyé cette maladie. » — Dans son discours d’avènement, le nouvel empereur []^] K’ang reconnaît qu’il tient sou mandat du Souverain d’en haut, de l’Auguste Ciel. Plus tard on chantera dans le temple des Ancêtres des Tcheou : « Les trois empereurs Ou, Tch'eng et K’ang, ont été glorifiés par le Souverain d’en haut. Puissions-nous jouir de la faveur du Ciel, durant des myriades d’années. » (Annales, Kou-ming, K’ang-wang-tcheu kao. — Odes, Tcheu-king, Hia-ou.)


G.   Quoiqu’il doive interrompre pour un moment la série de mes textes, je crois utile de donner ici le récit de la mort de l’empereur [^] Tch’eng, et de l’intronisation de son fils l’empereur [)^.] K'ong, tel que les scribes du temps le fixèrent, et que les Annales nous l’ont conservé. Mieux qu’aucune autre, cette page fait revivre la Chine antique, et aide à comprendre ses idées et ses mœurs. Nous sommes en 1008 avant J.-C… « Au quatrième mois de l’année, alors que la lune commençait à décroître, l’empereur se trouva plus mal. Le premier jour du cycle, il se lava les mains et le visage. On l’aida à revêtir le costume impérial. Il s’assit sur son trône. Puis, les princes du sang et les grands officiers ayant été introduits, l’empereur leur parla ainsi. . Hélas ! mon mal s’aggrave. J’ai tenu à vous donner mes dernières instructions, avant qu’il ne soit trop tard. Mes prédécesseurs les empereurs Wenn et Ou, ont régné glorieusement et se sont fait obéir. Moi, homme sans valeur, leur ayant succédé, j’ai lâché de satisfaire le redoutable Ciel et