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Encore en l’an 1038, le duc de Tcheou adressa aux partisans de la dynastie précédente, vaincus mais non soumis, deux importants discours dont j’extrais les passages suivants : « Jadis le Ciel irrité châtia le tyran Kie. Celui-ci ne se soumit pas au Souverain. Le Ciel le réprouva donc, éleva les Yinn et les employa à renverser les Hia. Fidèles au Souverain, les Yinn s’appliquèrent, de concert avec le Ciel, à faire du bien au peuple. — Quand à leur tour les Yinn furent tombés en décadence, le tyran Sinn prévariqua contre le Ciel et contre le peuple. Alors le Souverain d’en haut cessa de le protéger. Le Ciel ne lui voulut plus de bien, parce qu’il s’était mal conduit. Le Ciel sévère réprouva les Yinn. Il nous éleva, nous les Tcheou. Il nous chargea d’exécuter son arrêt, d’appliquer la peine. Nous avons rempli la mission à nous confiée par le Souverain. Nous avons enlevé aux Yinn leur mandat. — Maintenant ce n’est pas par ma propre volonté, mais par l’ordre du Ciel, que je vous déporte, remuants rebelles. Ne vous plaignez pas de moi. Je n’ai rien contre vous. Je vous applique l’arrêt du Ciel. Je vous enlève de la ville où le Ciel avait jadis fixé le siège de votre dynastie. Si vous vous décidez enfin à vous soumettre, le Ciel vous pardonnera avec bonté. Sinon, après vous avoir privé de vos biens, j’appliquerai encore à vos corps l’arrêt du Ciel, c’est-à-dire la peine de mort. (Annales, Touo-cheu.)


E.   En l’an 1038, alors qu’il fonda la cité de [f^ f^j] Lao-yang qui fut si souvent et si longtemps la capitale de la Chine, le duc de Tcheou commença par élever, dans la banlieue du sud, le tertre du Ciel pivot de tout le culte, et offrit le sacrifice dit de la banlieue, le sacrifice au Ciel. Il éleva ensuite, dans l’intérieur de la ville, le tertre du Patron du sol de l’empire, et y fit des offrandes. — Nous voici en pleins faits cultuels de première importance. — Depuis l’origine, les sacrifices chinois au Ciel, furent toujours offerts en plein air, sous la voûte céleste, après minuit, avant l’aube, devant un monticule en terre élevé dans la banlieue, au sud de la capitale. Le caractère qui désigne ce tertre et les sacrifices au Ciel, est [%l] Kiao, composé des deux éléments [^C] transaction et [[5] ville, le premier étant devant et le second derrière. Le sens est, transaction devant la ville, dans la banlieue. C’est là que se tiennent, encore maintenant, la plupart des marchés, et toutes les grandes foires. C’est là que les Anciens installèrent le tertre pour les transactions de l’empereur avec le Ciel. Et le tertre, et le sacrifice, furent appelés kiao banlieue. — Nous avons vu (page 44) que, dès la seconde dynastie, des empereurs éminents furent associés au Ciel lors des sacrifices au tertre, des ministres méritants furent associés à leur empereur lors des offrandes au temple des ancêtres. C’est-à-dire que les tablettes de ces empereurs, placées près du tertre lors du sacrifice au Ciel, recevaient des offrandes accessoires. Nous savons qu’on croyait (page 42) que leurs âmes étaient au ciel, à droite et à gauche du Souverain. Donc rien d’étonnant que, lors du sacrifice au Souverain, on mît leurs tablettes à droite et à gauche du tertre, et qu’on leur offrit aussi quelque chose ; l’usage chinois ayant toujours voulu et voulant encore, que, lorsqu’on reçoit et traite un personnage, on traite accessoirement ses assistants et sa suite. Pour la même raison, les ministres recevaient quelque chose, quand les empereurs qu’ils avaient