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Le Ciel eut pitié d’eux et fit périr les persécuteurs. Comme jadis le Ciel éleva U le Grand (le fondateur de la première dynastie) parce qu’il s’étudiait à suivre en tout les intentions du Ciel ; comme jadis le Ciel exalta T’ang le Victorieux (le fondateur de la seconde dynastie ) parce qu’il s’appliquait à satisfaire en tout le Ciel ; ainsi l’empereur Ou votre père, fut choisi par le Ciel pour fonder les Tcheou (la troisième dynastie). Vous, son jeune fils, ayez soin d’écouter vos vieux conseillers, afin de ne pas vous exposer à perdre, par quelque maladresse, le mandat du Ciel. Ils vous dirigeront d’après les desseins du Ciel… Quoique bien jeune encore, c’est vous qui êtes maintenant le fils aîné du Ciel. Venez, prolongement du Souverain d’en haut sur la terre, venez le servir dans la nouvelle capitale centrale. Avant de la bâtir, le duc de Tcheou a fait cette proclamation : Je bâtis cette grande ville, afin que d’ici l’empereur influe sur tout l’empire, comme lieutenant de l’auguste Ciel, et sacrifie ici au haut et au bas (c’est-à-dire aux Génies du ciel et de la terre). Les deux dynasties précédentes ont perdu le mandat céleste par leur faute. C’est nous qui le possédons maintenant. Faisons notre possible pour le conserver. Nous ne faisons que commencer. Prospérerons-nous ? Verrons-nous de longs jours ?.. Prince, obtenez du Ciel la perpétuité de votre mandat, par l’exercice de toutes les vertus, par un dévouement entier au bien du peuple. » (Annales, Chao-kao.)

Le duc de Tcheou dit au jeune empereur Tch’eng son neveu : « Jadis l’empereur 太戊 Tai-ou des Chang (1475) examinait et jugeait sa conduite d’après le mandat du Ciel. Faites comme lui. Ne dites jamais, je me relâche, c’est vrai, mais ce ne sera que pour cette fois. Vous relâcher un seul jour durant, suffirait pour mal édifier le peuple et pour indisposer le Ciel. Écoutez vos conseillers. Jadis, alors qu’il était au comble de la prospérité, U le Grand appelait encore à lui les Sages, pour apprendre d’eux à mieux servir le Souverain d’en haut. » (Annales, Ou-i, Li-tcheng.)

Exhortant son collègue le duc de Chao, le duc de Tcheou lui dit : « Nous les Tcheou, nous venons de succéder aux Yinn. Notre avenir sera-t-il long, sera-t-il prospère ? rien de plus incertain. Mais le Ciel étant bon pour ceux qui sont droits, j’espère que notre bonheur durera. Tâchons de contenter le Ciel. — Avoir reçu le mandat du Ciel, est une grande faveur, mais aussi une lourde charge. Le fait qu’on l’a reçu, ne garantit pas qu’on le conservera. Le Ciel est difficile à contenter. Car il n’est content, que de qui contente le peuple, ce qui n’est pas aisé. Aussi le fait que le Souverain d’en haut nous a donné le mandat, ne m’inspire-t-il aucune sécurité ; je médite plutôt sur la sévérité des jugements du Ciel. — Grâce aux bons ministres qui les conseillèrent bien. plusieurs empereurs de la dernière dynastie eurent l’honneur d’être associés au Ciel, lors de l’offrande au tertre. Ces ministres furent associés à leur empereur, lors des offrandes du temple, selon le rituel des Yinn, et jouirent de cette distinction durant de longues années. Le Ciel n’accorde la durée qu’à ceux qui le contentent. À cause de leurs excellents ministres, il fit durer les Yinn. Le Souverain d’en haut ne les supprima, que quand ils furent irrémédiablement pervertis. — Grâce à ses excellents ministres, l’empereur Wenn fut aussi remarqué et choisi par le Souverain d’en haut. Nous les ministres de son petit-fils, dévouons-nous pour lui, afin de lui obtenir la conservation de son mandat. » (Annales, Kiunn-cheu.)