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les noms de clan se donnaient, pour perpétuer la mémoire de cette filiation céleste. » Rien d’étonnant que des familles anciennes aient cherché à se donner du relief de cette manière ; mais les historiens chinois passent placidement par-dessus ces prétentions, en les annotant ainsi : « Si ce qu’on raconte de la conception extraordinaire de certains grands hommes arriva, ce fut en songe, non en réalité ». Ceci posé, revenons à notre texte de l’an 1241. Il prouve, avec évidence, la foi des Chinois de ce temps là, en la prescience, à très longue échéance, du Souverain d’en haut, du Ciel. Les Commentateurs insistent sur ce point ; laissons les parler. « Le Souverain qui éleva Sie, ce ne fut pas l’empereur Chounn qui l’investit d’un fief, ce fut le Souverain d’en haut qui le prédestina à l’empire, dans la personne de son descendant T’ang, à naître plus de six siècles plus tard. C’est de Chounn, que Sie reçut le fief de Chang, mais c’est le Souverain d’en haut qui voulut que Chounn lui en donnât l’investiture. Dans cette investiture de Sie, était contenue l’élévation future sur le trône impérial, de T’ang son descendant. Le Ciel prorogea d’âge en âge le mandat accordé à Sie. C’est à cause de ce mandat dont ils étaient les dépositaires, que le Sublime Ciel chérit et honora toujours les descendants de Sie. Enfin, quand le temps fut venu, le Ciel fit de T’ang le maître de l’empire. »


F. En 1213, le ministre Tsou-ki dit à l’empereur, Tsou keng : Le Ciel considère les hommes sur la terre, et juge de leur justice. Après cet examen, le Ciel donne à chacun vie longue ou courte, selon ses œuvres. De sorte que, si quelqu’un meurt prématurément, c’est par sa propre faute, non parce que le Ciel ne lui voulait pas de bien. C’est lui-même qui a fait rogner le lot qui lui était destiné. Quand un homme a mal fait, et que le Ciel l’avertit par des signes ou l’instruit par des malheurs, il devrait reconnaître ses torts et ne pas s’aveugler au point de dire avec humeur : pourquoi ceci m’arrive t il ?

(Annales, Kao-tsoung young jeu.)

En l’an 1052, le ministre Tsou i dit au tyran Sinn, dernier empereur de la deuxième dynastie : — Cette disette persistante signifie que le Ciel a rejeté notre maison, parce que vous avez perdu la conscience que le Ciel vous avait donnée et n’observez plus ses lois. Exaspéré contre le tyran, le peuple crie : — Pourquoi le Ciel ne frappe t il pas cet homme ? pourquoi ne donne t il pas à un autre le mandat de régner ? Le ministre Tsou i adjure à nouveau l’empereur : — Fils du Ciel, le Ciel nous rejette ! Le tyran blasphème : — Ma vie n’est elle pas assurée, quoi que je puisse faire, puisque je tiens le mandat du Ciel ? Tsou i gémit : — Tes crimes sans nombre sont connus en haut, et tu oses encore compter sur le mandat du Ciel ! Enfin Tsou i déclare au tyran : — Il est évident que le Ciel vous a rejeté. Ni les sages, ni la tortue, n’osent plus vous promettre rien de faste. En 1051, l’oncle du tyran, le vicomte de Ki dit : — Dans sa colère, le Ciel ruine notre dynastie. Puis, dans le conseil des princes du sang, Tsou i gémit : — Ce ne sont pas les Ancêtres qui ont voulu nous rejeter, nous leurs descendants ; c’est Sinn qui nous a fait rejeter, par ses excès et ses débauches. Enfin,