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seigneur de Hia est coupable. Moi, par crainte du Souverain d’en haut, je n’ose pas ne pas le punir... Je suis décidé à marcher contre lui de suite. Je compte que vous m’aiderez, moi votre prince, à lui appliquer le châtiment décrété par le Ciel. » (Annales, T’ang cheu,)

C. En 1531, dans le temple des Ancêtres de la deuxième dynastie, tandis que l’empereur T’ai-kia faisait les offrandes rituelles à feu son aïeul l’empereur T’ang, le chœur chantait en son nom : Les tambours battent à coups redoublés, célébrant mon glorieux aïeul. Moi le petit fils de T’ang, je l’appelle pour qu’il vienne ; je lui fais cette offrande pour que mon souhait s’accomplisse. Oh ! qu’il daigne regarder favorablement ce que j’ai cuit pour qu’il le goûte, moi son petit fils. O glorieux ancêtre, toi qui m’assistes toujours en temps voulu, toi qui étends tes bienfaits sans limites, oh ! viens à moi en ce lieu !.. Puisque je t’ai versé une pure liqueur, accorde moi que mon espoir se réalise... Accorde moi une grande longévité, une vieillesse sans fin. Sur leurs chars de parade, les feudataires sont venus, pour t’inviter et te faire des offrandes avec moi. Je suis souverain d’un grand pays. Le Ciel m’a donné l’abondance. L’année ayant été très fertile, j’ai de quoi te bien traiter. Viens à moi, viens recevoir mon offrande. Fais descendre sur moi une bénédiction illimitée... Oh ! daigne regarder favorablement ce que j’ai cuit pour que tu le goûtes, moi ton petit fils ! (Odes, Na et Lie tsou.)


D. En 1301, l’empereur P’an keng décide la translation de sa capitale. Parce que le site était trop exposé aux inondations, prétexte t il. Son but fut, en réalité, d’appauvrir et d’affaiblir une aristocratie gênante. Il rencontra na-turellement une très vive opposition, contre laquelle il lui fallut recourir aux ar-guments majeurs d’alors. Les Annales nous ont conservé ses harangues. Elles furent adressées au peuple entier, plus docile que l’aristocratie. Le palais lui fut ouvert. L’empereur dit : « La tortue a déclaré que nous n’avons plus aucun bien à attendre si nous restons ici... Vouloir y rester, c’est s’aveugler, c’est ne pas vouloir voir que le Ciel va supprimer le mandat de la dynastie... Si je propose le déplacement de la capitale, c’est pour obtenir du Ciel la continuation de ce mandat. Dans la nouvelle capitale, le Ciel perpétuera notre mandat... Vous officiers, jadis vos ancêtres servirent avec dévouement mes ancêtres. Maintenant, quand je fais les grandes offrandes à mes prédécesseurs, vos aïeux viennent avec eux pour jouir de l’offrande, pour vous bénir ou vous maudire selon que vous l’aurez mérité...Hommes du peuple, si vous me faites opposition, mes prédécesseurs feront descendre sur vous de grands maux. D’en haut ils vous puniront. Vos aïeux et vos pères vous renieront, et ne vous sauveront pas de la mort. Vos aïeux et vos pères prieront avec instance T’ang le fondateur de la dynastie, de vous punir sévèrement, vous leurs descendants. Ils obtiendront que cet illustre empereur fasse descendre sur vous tous les malheurs. » Enfin quand il eut réussi à se faire obéir, non sans peine, P’an keng se promet que le Souverain d’en haut va rendre à sa dynastie l’éclat qu’elle eut sous l’empereur T’ang, et il félicite son peuple de n’avoir pas désobéi « aux ordres du Ciel intimés par la tortue ». (Annales, P’an keng,)