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Deuxième Leçon


Sommaire. — A. La deuxième dynastie. Historique. Apogée du culte primitif. I. Textes et chants. — B. Le mandat contre les Hia. — C. Offrande à l’Ancêtre. — D. Le Ciel et la tortue. Survivance. L’Empyrée. — E. Le Ciel prédestine à longue échéance, et suit son pian à travers les siècles. Origine prétendue céleste des chefs de certains clans célèbres. — F. Sanction du bien et du mal, en cette vie. Perte du mandat. Suppression par ordre du Ciel. — G. Génies célestes et terrestres. — H. Tableau final.


A.   A la tête d’une coalition des feudataires, en 1559, T’ang seigneur de 1^ Chang renversa . _ Kie le dernier des _ Hia, monta sur le trône et fonda la seconde dynastie, appelée d’abord _ Chang du nom de son fief, plus tard _ par espoir d’une plus grande prospérité. Cette dynastie dura 507 années, du seizième au onzième siècle. Elle eut aussi une existence bien tourmentée. Outre les chefs de clan devenus princes feudataires, toujours remuants, que nous connaissons, une aristocratie frondeuse, composée d’officiers retraités et de leurs descendants, rend le gouvernement impérial de plus en plus difficile, à partir du quatorzième siècle. Vers 1254, __ Ou-ting, un souverain plus énergique, ayant battu les tribus barbares qui menaçaient d’envahir l’empire, la considération que lui acquit cet exploit militaire, lui permit de raffermir pour un lemps le pouvoir suprême. __ Ou-i, 1159 à 1125, se distingua par son extraordinaire impiété, et mourut foudroyé. Enfin _ Sinn ayant renouvelé les excès tyranniques de _ Kie, fut comme lui renversé par une coalition des feudataires, commandés par _ Fa seigneur de _ Tcheou, lequel fonda en 1050 la troisième dynastie. — Mêmes observations critiques, que pour la première dynastie. L’histoire de la seconde, un peu plus croyable en général, est suspecte en bien des points. La durée qu’on lui prête est probablement exagérée ; et la tragédie qui la termina, est trop évidemment calquée sur celle qui mit fin à la première dynastie, pour ne pas inspirer de la défiance à l’historien.

Les auteurs chinois affirment unanimement, que le culte de cette dynastie, Ciel et Mânes, fut l’apogée du culte chinois primitif, encore pur de tout mélange. Et de fait, la seconde dynastie nous a laissé des textes, des chants, des bronzes ri- tuels, extrêmement instructifs. Je consacrerai deux Leçons à leur étude. — D’abord les textes et les chants, conservés dans les Annales et les Odes.

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B.   En 1558, quand T’ang de Chang se leva contre la dynastie régnante Hia représentée par le tyran Kie, il s’agit pour lui de faire accepter à ses propres sujets d’abord, puis à la nation chinoise tout entière, cette nouveauté inouïe jusque là, d’un vassal châtiant son souverain. Tang imputa donc la chose au Ciel, au Souverain d’en haut. Voici le texte: « Approchez, multitude! Écoutez tous mes paroles! Ce n’est pas moi, faible enfant, qui ose lancer une révolution. Le seigneur de Hia ayant commis des crimes nombreux, le Ciel a ordonné de l’exécuter... Le