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présence, du zèle qu’il mettait à s’acquitter de ses fonctions d’empereur... Le ciel est si haut, disent les Commentateurs, qu’il n’est pas possible de s’aboucher avec lui directement ; mais la flamme et la fumée établissent communication. — Cela fait, Chounn s’inclina vers les monts et les fleuves de la région. La foule des Génies n’est pas nommée ici, mais il est moralement certain qu’elle reçut son salut. — Enfin l’empereur conféra avec les seigneurs réunis en comices, renouvela leurs investitures, s’enquit si les régales étaient bien observées, etc. Sa tournée dura toute l’année. Rentré à la capitale, Chounn annonça son retour à l’Ancêtre, et lui offrit un bœuf. Cette tournée impériale se faisait alors tous les cinq ans, toujours avec le même cérémonial.

Les Annales racontent que, en 2073, lors de son entrée en charge, Chounn constata la position harmonieuse des sept Recteurs, et fit une offrande aux six Météores. Les sept Recteurs sont les sept corps célestes mobiles, soleil lune et cinq planètes. Les six Météores sont, le vent, les nuées, le tonnerre, la pluie, la froidure, la chaleur. — Les corps célestes étaient considérés par les Anciens d’alors, comme le sémaphore du Ciel, un appareil complexe au moyen duquel le Souverain d’en haut donnait des indications et des avertissements aux hommes. Les météores, favorables ou défavorables, étaient aussi censés produits par lui. Le culte chinois antique des corps célestes et des météores, ne fut donc pas inspiré par des théories animistes ou naturistes. Il fut une expression de la foi religieuse du temps.


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C. En l’an 2045, le vieil empereur Yao monta et descendit, disent les Annales, c’est à dire qu’il mourut. L’idée de survivance après la mort, dans un état différent, ressort clairement des textes des Anciens. Ils crurent que la mort divise l’homme en deux partie, l’âme supérieure plus subtile qui monte dans les hauteurs, et l’âme inférieure plus dense qui descend en terre unie au cadavre. Ils n’entendirent pas la division du composé humain, comme résultant adéquatement en âme et cadavre. Ils n’eurent, à aucune époque, la notion d’une âme spirituelle au sens chrétien du mot. L’âme supérieure subtile est toujours dite ressembler à la vapeur, à la fumée. — Le peuple fit pour l’empereur Yao défunt, comme pour père et mère, disent les Annales ; c’est à dire qu’il pleura sa mort durant trois ans. Le principe chinois fut toujours que, les parents ayant souffert et travaillé durant trois ans pour engendrer un enfant et lui donner sa première éducation, après leur décès l’enfant leur doit en retour trois années de pleurs.

En l’an 2042, nommant ses divers ministres, l’empereur Chounn prépose un certain 伯夷 Pai-I aux trois sortes de rits, c’est à dire au culte en général, et spécialement au culte des Ancêtres dans leur temple. Les trois sortes de rits s’adressaient aux trois sortes d’êtres transcendants, Génies des régions célestes, Génies des régions terrestres, Mânes non glorieux entre deux. Ces derniers sont nommés ici pour la première fois. Tous êtres de même nature d’ailleurs. — Un certain 夔 K’oei est préposé à la musique en vue d’établir les relations entre les Génies, les Mânes et les hommes. C’est là, en effet, le but de la musique, art sacré et non profane chez les Anciens. Les sons des instruments et les voix des chanteurs, avertis-