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peuple était spectateur de ce culte officiel ; mais il n’avait pas droit d’y participer, sous peine de lèse majesté. Son culte à lui, se rendait au Génie tutélaire de son hameau, au Patron des terres cultivées par ceux de son village, devant un tertre élevé au nom de l’empereur. Ce Génie, ce Patron local, être transcendant innomé, était censé délégué par le Génie de la principauté ou de la préfecture, qui l’était par celui de l’empire, qui l’était par le Ciel. Hiérarchie du monde invisible, à l’instar de celle du monde visible. — Ciel, Génies et Mânes, ces deux dernières catégories n’en faisant au fond qu’une seule, les Génies étant l’aristocratie des Mânes, les Mânes glorifiés. Culte officiel impérial, pour la totalité de l’empire ; culte officiel délégué aux seigneurs ou aux fonctionnaires, dans les diverses sections du territoire ; culte privé des particuliers à leur tertre natal. Voilà, dans ses grandes lignes, la religion chinoise d’avant le vingtième siècle. Animisme, sous un Être suprême unique, dont aucun texte ancien n’explique la nature ni l’origine. — Laissons parler les documents de cette période, peu nombreux mais très clairs. Ils sont tous tirés des Annales. Je n’emploierai que ceux qui sont reconnus comme authentiques par tous les critiques.


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B. Le premier empereur historique 堯 Yao, abdiqua, en 2073, en faveur de 舜 Chounn, et mourut en 2045. Chounn mourut en 1992, laissant l’empire à 禹 U, dont le règne commença en 1989, les trois années du deuil impérial étant retranchées. U le Grand ayant eu pour successeur son fils, est compté comme le premier empereur de la première dynastie 夏 Hia, 1989 1559. Au premier jour de l’an 2073, Chounn reçut l’abdication de Yao, dans le temple et devant la tablette de l’Ancêtre chef de la lignée... L’Ancêtre étant ainsi informé. Chounn annonça son entrée en fonctions, par un sacrifice, au Souverain d’en haut, au Ciel... Ces deux termes désignent le même titre, disent les Commentateurs unanimement. Le terme Ciel s’applique à son essence, le terme Souverain exprime sa puissance.

Ce sacrifice fut offert au tertre impérial de la capitale. — Après avoir ainsi vénéré le Ciel, Chounn salua en esprit, de loin, les monts et les fleuves principaux de l’empire, en se tournant vers leurs positions géographiques. Il les salua, disent les Commentateurs, pour que l’empire obtint les pluies nécessaires, et fût préservé de toute inondation. — Enfin, dit le même texte, Chounn fit le tour de la foule des Génies ; c’est à dire qu’il leur adressa un salut circulaire collectif, par lequel ils furent censés salués tous, dans toutes les régions de l’espace... La foule des Génies, ce sont, disent les Commentateurs, les Génies moins importants que ceux des monts et des fleuves ; ceux des collines, des digues, des canaux, etc. Âmes d’hommes célèbres défunts, logées, ou dans des lieux terrestres plus notables, ou dans les ouvrages jadis édifiés par eux. On les supposait plus ou moins puissants, et influents dans un certain rayon.

L’empire était divisé en quatre régions. Chaque région avait, comme centre politique et hiératique, une haute montagne. En 2073, après les cérémonies de l’avènement à la capitale, Chounn visita successivement ces quatre centres. Sur chacune des quatre montagnes, il alluma un bûcher, pour avertir le Ciel de sa