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Première Période.


Théisme antique
depuis l’origine, jusqu’en 500 avant J.-C.



Première Leçon


SommaireA. — Le peuple chinois au début de son histoire. Religion primitive. — B. Les empereurs électifs 堯 Yao et 舜 Chounn. Culte impérial. Le Ciel, Souverain d’en haut ; les monts et fleuves ; les Génies locaux. Le bûcher. Les sept Recteurs et les six Météores. — C. Notion antique de la mort. Après la mort, Génies du ciel, Génies de la terre, Mânes non glorieux. La musique évocatrice avant l’offrande. — D. Le Ciel, Souverain universel. Son mandat. — E. Superstitions prohibées. — F. Divination par l’écaille de tortue. — G. La première dynastie. Historique. Texte unique. — H. Résumé.




A. Au lever de la toile, vingt deuxième siècle avant J. C., le peuple chinois nous apparaît d’emblée comme un peuple sédentaire, déjà civilisé, n’ayant plus rien du primitif (voyez page 17, notes). Établi dans le pays qu’il habite encore, appliqué à l’agriculture comme il l’est encore, ses mœurs étaient en bien des points ce qu’elles sont encore. Des clans puissants étaient les vrais dépositaires du pouvoir. Ils avaient à leur tête un empereur, chef suprême de la nation. Celui-ci pouvait choisir son successeur, avec leur assentiment ; ou les chefs des clans se chargeaient de pourvoir à la succession ; en tout cas, dans les premiers temps, l’empire ne fut pas héréditaire, et l’influence de l’aristocratie est sensible. Au dessous de cette aristocratie gardienne du trône, des officiers, prolongements de l’empereur. Puis, en bas, très bas, le peuple, assez bien soigné, pas trop exploité, protégé avec sollicitude ; délibérément privé de toute instruction théorique ; dirigé, en pratique, pour tout et jusque dans les moindres détails ; comme on dirige des mineurs incapables de se conduire. Cependant, tout en haut, l’empereur a peur du petit peuple, et se garde de le tyranniser. Non qu’il craigne une révolte. Il craint pis que cela. Croyant que son mandat impérial lui a été donné par le Ciel pour qu’il fasse du bien au peuple, il craint que le Ciel ne lui retire ce mandat, si le peuple venait à se plaindre de lui avec raison.

Père de son peuple, l’empereur est aussi son pontife. C’est pour le bien du peuple, qu’il honore le Ciel, le Souverain d’en haut. C’est pour le bien du peuple, qu’il invoque les Génies des monts et des fleuves. C’est pour le bien du peuple, qu’il salue les Génies des localités. Culte officiel, auquel les seigneurs avaient une part subordonnée, chacun dans son ressort et dans une certaine mesure. Le