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muable à travers les deux phases de vie et de mort, c’est la grande sagesse (chap. 16). — Les Commentateurs expliquent par la révolution lunaire, la lune restant toujours la même, la pleine lune étant la vie, la nouvelle lune étant la mort, avec deux périodes intermédiaires de croissance et de décroissance.

Le yinn et le yang girant toujours, rien n’est stable, tout est soumis fatalement à l’alternance des deux phases. Le commencement de la rétraction suit nécessairement l’apogée de l’expansion. L’affaiblissement suit la force, la décadence suit la prospérité, la spoliation suit l’opulence. Toute puissance et supériorité précédente, se compense par la débilité et l’infériorité subséquente. — Tenir un vase plein, sans que le liquide s’écoule, c’est impossible. Conserver une lame affilée, sans que son tranchant s’émousse, c’est impossible. Garder un magasin plein d’objets précieux, sans que rien soit détourné, c’est impossible (chaps. 36 et 9). — Commentaire : Aucun extrême ne se soutient. Le plus appelle le moins, le moins appelle le plus. Arrivé au zénith, le soleil baisse. Quand elle est pleine, la lune commence à décroître. Sur une roue qui tourne, le point qui a monté jusqu’au faîte, redescend aussitôt, pour remonter ensuite, tour par tour. Le cosmos est en équilibre ; mais cet équilibre n’est pas l’équilibre stable ; c’est l’équilibre par compensation alternante. Des deux phases, l’une compense, au fur et à mesure, l’excès ou le déficit de l’autre. — Rien de moral n’entre dans ce brutal système. L’alternance n’est pas sanction ; elle n’est pas destin ; elle n’est pas hasard. Elle est loi physique, aveugle, immuable, éternelle.

Se retirer de la scène, alors qu’on est à l’apogée de son mérite, de sa renommée, de sa fortune, est donc prudence élémentaire. Qui ne fait pas ainsi, montre qu’il ne connaît pas la voie du ciel (taoïste), la loi inéluctable de la diminution suivant nécessairement l’augmentation (chap. 9).

E. Textes sur l’âme, sur l’entretien de la vie, sur la survivance. — L’homme a deux âmes. De la conception à la naissance, une âme inférieure seulement p’ai), laquelle est issue du sperme paternel. Elle préside au développement du corps. Plus cette âme est intimement unie au corps, plus l’homme sera sain et solide. Après la naissance, une seconde âme, l’âme aérienne ( hounn) est formée petit à petit, par la condensation dans le corps d’une partie de l’air inspiré. Cette âme aérienne est le principe de l’intelligence et de la survivance personnelle, tandis que les fonctions de l’âme spermatique sont purement végétatives. Le travail, les excès, l’étude, les soucis, usent les deux âmes, abrégeant la vie et hâtant la mort. Les deux âmes sont entretenues au contraire, et la vie est prolongée, par une bonne hygiène, l’inaction, et une certaine aérothérapie, consistant à retenir et à assimiler de l’air sous pression (chaps. 10 et 52). — On voit que, pour le fond, la théorie de Lao-tzeu sur la double âme, est la théorie chinoise commune alors (page 120). Sa manière d’envisager la survivance, fut aussi la manière alors commune, à très peu près. Il crut que certains défunts survivaient personnellemcnt, pas tous (chap. 33). il crut que la vie d’outre-tombe de ces survivants, était prolongée par les offrandes (chap. 54), mais finissait par s’éteindre. Donc pas d’immortalité, pour personne. El quand il dit que, sortis de scène par la porte de la mort, les êtres rentrent en scène par la porte de la vie, cela ne signifie pas que