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cipe, est comme le sac d’un soufflet, dont le ciel et la terre seraient les deux planches ; soufflet qui souffle sans s’épuiser, qui externe sans cesse. C’est là tout ce que nous pouvons entendre de l’action productrice du Principe. Chercher à préciser, par des paroles ou des nombres, serait peine perdue. Tenons-nous-en à cette notion globale. — La puissance expansive du Principe, qui réside dans l’espace médian, ne meurt pas. Elle est la mère mystérieuse de tous les êtres. Le va-et-vient de cette mère mystérieuse, l’alternance des deux modalités du Principe, produisent le ciel et la terre. Pullulant, elle ne se dépense pas. Agissant, elle ne se fatigue pas. — En d’autres termes : c’est par le Principe que furent extériorisés le ciel et la terre, les deux planches du soufflet. C’est du Principe qu’émane la vertu productrice universelle, laquelle opère, par le ciel et la terre, entre le ciel et la terre, dans l’espace médian, produisant tous les êtres sensibles, sans épuisement et sans fatigue (chaps. 5 et 6).

Le Principe ayant émis sa vertu une, celle-ci se mit à agir selon deux modalités alternantes. Cette action produisit d’abord l’air médian, k’i la matière ténue. Ensuite, de cette matière ténue, sous l’influence des deux modalités yinn et yang, furent produits tous les êtres sensibles. Sortant de la puissance, ils passent en acte, par l’influence des deux modalités sur la matière médiane ténue (chap. 42).

C’est le Principe primordial, qui a régi tout ce qui fut, qui régit tout ce qui est. Tous les êtres, depuis l’antique origine, sont le dévidage du Principe (chap. 14). — Description pittoresque de l’action continue du Principe. La chaîne infinie des produits de cette action se déroule, comme le fil d’une bobine se dévide.

La gnosiologie taoïste est résumée dans les lignes suivantes : Aux deux états yinn et yang cosmiques, répondent, dans la faculté de connaître de l’homme, l’arrêt et l’activité. Quand l’esprit humain pense, se remplit d’images, s’émeut de passions, alors il ne perçoit que les effets du Principe, les êtres sensibles distincts. Quand, au contraire, l’esprit humain est arrêté, est vide et fixe, alors, miroir net et pur, il mire l’essence ineffable et innommable du Principe lui-même (chap. 1). — Les Pères nous parleront au long de cette intuition.


D. Textes sur l’unité cosmique, l’identité des contraires, l’instabilité universelle. — Les corrélatifs, les opposés, les contraires, le oui et le non, sont tous sortis du même soufflet, ont été dévidés de la même bobine, sont tous issus du même Principe un et immuable. Toute contrariété n’est qu’apparente. Les contraires ne sont pas des illusions subjectives de l’esprit humain. Il sont des apparences objectives, double aspect d’un objet unique, répondant aux deux modalités alternantes yinn et yang. La réalité profonde, l’essence du Principe, reste toujours la même, essentiellement ; mais l’alternance de son évolution, donne lieu aux points de vue variables, positif et négatif, cause ou effet, etc. (chap. 2).

La vie et la mort, ou mieux l’état de vie et l’état de mort, ne sont aussi que deux phases. Les êtres innombrables sortent du non-être, puis y retournent. Ils apparaissent pour un temps, puis disparaissent. Ils retournent à leur racine, dans l’état de repos. De ce repos, ils sortent, pour une nouvelle destinée active. Et ainsi de suite, continuellement, sans fin. Reconnaître la loi de cette continuité im-