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Primitivement l’essence du Principe existait seule. Cette essence possédait deux propriétés immanentes, yinn la concentration et yang l’expansion. Soudain ces propriétés furent extériorisées, sous les formes sensibles ciel {yang) et terre (yinn). Ce moment fut l’origine, le commencement du temps. Depuis lors le Principe put être désigné par le terme double ciel-terre. Ensuite le binôme ciel-terre émit tous les êtres sensibles existants (chap. 1).

L’état yinn de concentration et de repos, d’imperceptibilité, qui fut celui du Principe avant le temps, est son état propre. L’état yang d’expansion et d’action, de manifestation dans les êtres sensibles, est son état dans le temps, en quelque sorte impropre (chap. 1).

Je ne sais pas, dit Lao-tzeu, de qui le Principe procéda. Il paraît avoir été avant le Souverain. Il foisonne et produit sans se remplir. Se répandant à flots, il ne se vide pas. Tous les êtres sont sortis de cet abîme, dans lequel il n’y a rien (chap. 4)… Lao-tzeu ne se prononce pas sur l’origine du Principe, parce qu’il le crut sans origine. Il le fait antérieur au Souverain d’en haut des Annales et des Odes. Son « il parait » n’exprime pas un vrai doute ; c’est une simple précaution oratoire ; un officier des Tcheou ne devait pas attaquer de front la doctrine officielle des Tcheou. Le Souverain des Odes et des Annales n’est donc pas, pour Lao-tzeu, un Dieu créateur de l’univers ; ni un Dieu gouverneur de l’univers, comme il coustera par l’ensemble de son système, monisme qui ruina l’ancien théisme.

Le Principe en lui-même, est comme un gouffre immense, comme une source infinie. Tous les êtres sensibles sont produits par son extériorisation. Mais les êtres sensibles, terminaisons du Principe, ne s’ajoutent pas au Principe, ne le grandissent pas, ne l’augmentent pas, ne le remplissent pas comme dit le texte. Comme ils ne sortent pas de lui, ils ne le diminuent, ne le vident pas non plus, et le Principe reste toujours le même (chap. 4). — Ceci est développé, comme suit, dans un autre chapitre : Il en est du Principe et des êtres, comme de l’Océan et des filets d’eau. Le Principe ne se communique pas d’une manière qui l’épuisé, mais par des prolongements qui ne le quittent pas. Chaque être qui existe, est un prolongement du Principe. Ses prolongements n’étant pas détachés du Principe, celui-ci ne diminue pas en se communiquant. La terminaison du Principe dans l’être, est la nature de cet être. Le Principe est la nature universelle, étant la somme de toutes les natures individuelles, ses terminaisons (chap. 32).

Lao-tzeu résume ainsi tout ce qui précède : Il est un être d’origine inconnue, qui exista avant le ciel et la terre, unique, imperceptible, immuable, omniprésent, la mère de tout ce qui est. Je ne lui connais pas de nom propre. Je le désigne par le mot Principe. Au besoin on pourrait l’appeler le Grand, en tant qu’il est le grand aller et revenir (c’est-à-dire le principe de la révolution cyclique du cosmos, du devenir et du finir de tous les êtres). L’épithète grand se donne improprement a l’empereur, à la terre, au ciel. Elle ne convient proprement qu’au Principe, cause de tout (chap. 25).


C. Textes sur l’action du Principe. Les deux modalités. Le soufflet. Le dévidage. — L’entre-deux du ciel et de la terre, lieu où se manifeste la vertu du Prin-