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où je pouvais la débarquer et me suppliant de ne rien dire à son maître. Je continuai ma promenade en pensant que la faute devait plutôt être attribuée à cet Européen qui, probablement, s'efforçait de lui inculquer quelques principes de civilisation.

Des nouvelles de Cotonou nous annoncèrent que le général Dodds était de retour. Cette fois. on ne disait plus le « colonel », car il portait ses insignes de général. De plus, pendant son court séjour en France, il avait été nommé grand-officier de la Légion d'honneur. Le roi Toffa vint à Cotonou pour le recevoir. Mais le général ne lui adressa la parole qu'en dernier lieu, après s'être entretenu avec tous les chefs de service. Sa première visite fut pour l'hôpital et les baraquements des hommes. Enfin, à notre tour, le général vint nous visiter à Godomey. Il nous apporta des paroles pleines de bienveillance. Il dit ainsi au capitaine Poivre que nous avions mauvaise mine, qu'il nous faudrait manger du poulet et boire du quinquina. Puis, s'adressant aux hommes : « Bientôt, nous allons faire une petite promenade du côté des Mahis et voir si Behanzin est toujours de ce monde. » De nombreux chefs de villages vinrent présenter leurs respects au général et lui apporter des cadeaux qu'il n'accepta pas.

Peu de temps après, nous quittâmes Godomey pour Cotonou. De là, nous allâmes à Porto-Novo, où il fallut attendre quelques jours. J'y fis la connaissance d'un Allemand, employé principal d'une factorerie de son pays. Il offrit gracieusement pendant quelques jours une partie de sa maison à deux de nos officiers et me pria de prévenir le commandant que, s'il le désirait, il mettrait des jonques et des coolies à sa disposition. Il m'invita à sa table, et me montra sa comptabilité qu'il tenait en allemand et en anglais. Entre temps, il me noya presque dans la bière de Munich dont il buvait pour son compte une vingtaine de bouteilles par jour. Il m'appelait son ami ; mais