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de Boxers nous était signalée. Près d'un village, nous reçûmes quelques coups de feu et nous entendîmes en même temps des cris d'épouvante poussés par des voix féminines. Malgré la nuit complètement noire, le village fut entouré et nous fîmes six rebelles prisonniers ; les autres avaient réussi à s'enfuir, grâce à l'obscurité profonde et à la proximité d'une forêt.

En ce moment-là, des bandes se reformaient partout et nous faisaient courir plus que jamais, alors que nous croyions la campagne terminée. Le plus souvent elles réussissaient à nous échapper. Je me suis demandé si ces bandes, à cheval et bien armées, n'étaient pas clandestinement équipées par le gouvernement chinois, pour nous occuper en attendant la signature de la paix. Après ce que j'ai vu, rien ne peut me surprendre de la part de ces faux bonshommes de Chinois, et surtout de ce fameux Li-Hung-Tchang qui tantôt ressuscitait pour brouiller les négociations, tantôt agonisait pour les ajourner, croyant sans doute lasser ces diables d'Occident et les faire repartir comme ils étaient venus. On peut dire, en fin de compte, que tous ces Orientaux nous ont joués avec une rare désinvolture et qu'à notre grand préjudice et au prix de bien des vies de soldats, nous avons montré une singulière bonté d'âme à leur égard. Et cependant, il n'y avait pas bien longtemps que, dans un pays qui m'intéressait toujours, à Madagascar, le général Gallieni avait montré la bonne méthode à suivre en pareil cas. Au moment voulu, il avait résolument frappé à la tête et tout n'avait pas tardé à rentrer dans l'ordre.

Au lieu de cela, que s'était-il passé en Chine ?

Au début de la campagne, les nations alliées avaient marché la main dans la main. Si elles avaient continué, si immédiatement après la prise de Pékin on avait poursuivi la famille impériale dans sa fuite, si on l'avait arrêtée et gardée jusqu'à la conclusion de la paix, le traité aurait été signé dans l'espace d'un mois. Mais après la prise de la capitale, le système des alliés fut