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fort de Peï-Kiang, situé à 15 kilomètres de Takou, dans lequel des réguliers chinois s’étaient réfugiés après avoir malmené les missionnaires qui se trouvaient dans la contrée. Dans cette attaque, nous eûmes un tué et un blessé ; les Autrichiens eurent quelques blessés. Les pertes des Allemands et des Italiens ne me sont pas connues. Les Russes, qui s’étaient chargés de détruire des mines creusées par les Chinois et communiquant électriquement avec le fort, eurent quarante tués et soixante blessés à la suite d’une explosion. Les Chinois s’enfuirent sur des pirogues que les canonnières des alliés ne purent poursuivre à marée basse. Le village était presque anéanti. Il fut immédiatement occupé par les troupes alliées.

Un ordre général défendait aux petits postes qui se trouvaient attaqués la nuit de répondre par la fusillade. Il leur recommandait de n’employer que les baïonnettes. A Pékin, le poste de la porte ouest était seul autorisé à répondre par des coups de feu. Cet ordre avait pour but d’éviter de tirer sur les Européens, fait qui s’était produit au mois de septembre.

Un jour, l’occasion me fut donnée de voir successivement manœuvrer à Pékin les Allemands, les Japonais et les Italiens. Le maniement d’armes des Allemands est superbe pour la parade et le coup d’œil. Chez les Japonais, l’ensemble est aussi très remarquable. On voit immédiatement que leur discipline est parfaite. Le commandement est bref et sec ; chaque gradé reste bien à sa place. Pas de courses à droite et à gauche, pas de cris, ni d’interpellations inutiles pendant la manœuvre ; une attitude naturellement correcte ; la tête haute, aussi bien chez les officiers que chez les soldats. Je ne puis en dire autant des Italiens. Leur manœuvre était loin de me plaire ; j’y trouvais trop de complication dans les mouvements, principalement à l’école de bataillon où les gradés sont continuellement en course, sans que l’ensemble en aille mieux. Les mouvements étaient exécutés avec une mollesse