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étapes dont le colonel Bailloud était l'âme ; je vais néanmoins essayer. Croyez d'abord que la fonction de directeur des étapes en campagne ne ressemble nullement à celle de directeur d'un musée ou d'un cirque. Compulsez un peu les documents, les ordres généraux et les rapports sur ce sujet, et vous vous demanderez ensuite avec stupéfaction comment un seul homme peut remplir tant de fonctions à la fois. Car il faut vous dire qu'en dehors de ses devoirs de directeur des étapes, qui étaient déjà très lourds, il exerçait encore, par délégation, tous les droits de police de l'arrière dévolus au général en chef. Il était aussi sous-chef de l'état-major, commandant d'armes à Majunga, chargé de s'occuper de tout ce qu'on débarquait, d'établir des postes d'étape en étape, de calculer le nombre des mulets et voitures pour chaque convoi, de décider la mise en route de chaque poste, le remplacement des conducteurs, etc. Je renonce à l'énumération. Ce qui est certain, c'est que le colonel Bailloud avait le service le plus pénible, le plus assujettissant et le plus ingrat ; et ce n'est sûrement pas à lui qu'il faut s'en prendre du manque de vivres à l'avant. Le mal provenait surtout de la négligence et de la mauvaise volonté des conducteurs kabyles, et je citerai plus loin des preuves de ce que j'avance, sans craindre d'être en contradiction avec le personnel blanc qui était attaché à ce service. De Suberbieville, le général envoya le commandant Lentonnet avec trois compagnies d'infanterie, une section d'artillerie et un peloton de chasseurs d'Afrique vers Tsarasaotra en vue de chasser de ce village l'arrière-garde hova. Mais en y arrivant, le commandant trouva la place évacuée et renvoya deux compagnies. Le 24 juin, une reconnaissance fut poussée vers le mont Beritzoka, mais là aussi les Hovas s'étaient éclipsés. Par contre, le 28 au soir, un petit poste qui gardait une face du camp se vit brusquement attaqué par un nombreux groupe ennemi et obligé de battre en retraite derrière un pli de terrain pour ne pas être