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général Metzinger, livra tous les combats jusqu'à Tsarasaotra.

Le 1er mai, nous quittâmes Majungapour pour Mévatanana, à bord d'une petite canonnière, sur laquelle se trouvaient également le colonel Oudri, le colonel de Beylié, le commandant Bienaimé, un aumônier militaire et un civil que je ne connaissais pas. Je me rappelle seulement qu'il portait trois chapeaux de feutre à très larges bords, superposés les uns aux autres, et destinés à le protéger d'une insolation. Il parlait beaucoup et gesticulait encore plus. Nous fûmes dans la soirée à Mévatanana, où l'on passa la nuit. Le lendemain, nous quittâmes ce village vers trois heures du matin pour revenir sur nos pas, à Marovoay, où l'on arriva vers cinq heures du matin. Un combat s'y engagea.

Marovoay est situé à 180 kilomètres de Majunga, en amont, sur l'Ikopa, affluent de la Betsiboka. Le combat commença par une attaque des troupes de terre commandées par le général Metzinger, secondées par l'artillerie de la flotte ainsi que par des canons placés sur chalands aux ordres du commandant Bienaimé. Tandis que les troupes de terre exécutaient un mouvement tournant, l'artillerie de la flotte envoyait ses obus à mitraille sur les retranchements où nous voyions chaque obus tomber et produire un gros désordre. Ce n'est que vers onze heures, après une fusillade et une canonnade bien nourries, que les Hovas se décidèrent à quitter leurs tranchées et à fuir en désordre dans la direction de Marolambo, poursuivis par les obus de notre artillerie navale.

Lorsque la débandade commença, j'étais sur un chaland, tirant avec des fusiliers de la flotte sur un groupe de fuyards. Les obus et les balles de l'ennemi, qui sifflaient au-dessus de nos casques, semblaient indiquer qu'ils visaient nos têtes ; mais leur tir était très mauvais. Plusieurs fois, j'entendis au-dessus de moi ce sifflement des balles, mais personne n'y prêtait