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qu'avec sa permission, et peuvent être répudiées après deux ans de ménage, si elles n'ont pas d'enfants. Elles accouchent accroupies et assises sur les talons, avec défense de crier pendant l'accouchement. Les enfants mis au monde le jeudi, jour néfaste, sont enterrés vivants. Doux pays !

Les Sakalaves sont plus grands et plus robustes que les Hovas. Ils portent plaqué sur le front un disque taillé dans un coquillage nacré, appelé félana, et au cou, aux bras, l'attirail habituel de fétiches des nègres. Leurs maisons sont en bois brut, en branchages, en feuilles et en roseaux. Leur paresse est telle qu'ils se mettent souvent cent pour construire une de ces misérables cases ; chaque chef est à la fois chef de guerre, juge et maître absolu dans son village. Les roitelets et reines sakalaves ont pour ministres ou conseillers des musulmans d'origine étrangère. Dans quelques régions, ces souverains sont de véritables sultans.

Enfin, il faut dire dès à présent que, si l'énergique administration du général Gallieni a respecté dans l'ensemble les coutumes qui font l'originalité des peuples malgaches, elle a fait aussi disparaître impitoyablement toutes celles des pratiques anciennes qui étaient contraires à l'humanité et à la civilisation.

On trouve à Madagascar de l'or dans les alluvions de presque toutes les rivières. Avant la guerre, le gouvernement hova était propriétaire exclusif des mines et en interdisait l'exploitation aux indigènes. En 1886, le premier ministre, pour se procurer des revenus, concéda à des Européens l'exploitation des mines. Grâce aux sages mesures prises par le général Gallieni, le rendement de ces mines, qui ne dépassait guère 200 000 francs par an en 1896, atteint aujourd'hui un chiffre annuel de près de 10 millions.

Notre débarquement s'effectua avec de très grandes difficultés, car rien n'avait été préparé d'avance. Le wharf de Majunga, construit par les mêmes entrepreneurs qui avaient édifié celui du Dahomey, Daydé et