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qui relie le Jura aux Alpes. C’est le Jorat. À mesure qu’on s’élève, surgit çà et là, à droite, à gauche, ou en face de vous, quelque nouvelle pointe blanche ou grise qui grandit, s’élargit, se pose sur votre horizon et, spectateur mélancolique, semble vous contempler du fond de son lointain. À chaque pas, s’agrandit le paysage alpestre qui présente toujours à sa base la riante ceinture des bords du Léman. Au bout de quelques promenades, ces blocs de granit vous deviennent familiers, chacun avec son attitude et sa physionomie particulière, et, comme de vieilles connaissances, on les salue par leurs noms. Mais dans ces horizons immuables rien de monotone, car tout nouveau point de vue présente chaque sommité sous un nouvel aspect. Des vallées se creusent, qui laissent entrevoir des pics, des déchirures, des séparations qu’on n’avait pas soupçonnés. Outre les changements produits par la distance, il y a ceux de l’heure et de la saison. Blanches l’hiver, grises l’été, sauf les cimes