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d’allemand et ne voulut plus étudier. Albert en fut vivement contrarié ; car il goûtait un grand plaisir à cultiver l’esprit de celle qu’il aimait. Il insista, mais en vain. Alors dans son humeur, il s’avoua que Pauline était bien frivole et s’en plaignit à mademoiselle Dubois.

— Pauline n’a jamais aimé l’étude, répondit la sœur aînée. Tâchez de ne point lui demander ce qu’elle ne saurait vous donner.

Ils étaient assis près de la fenêtre qui ouvrait au midi sur le jardin. Le soleil était couché, le jour s’en allait ; par la fenêtre ouverte entraient les parfums du soir ; on entendait au loin, comme un murmure, les bruits de la ville, et tout près la voix éclatante d’un petit oiseau. Il y avait dans l’air une tendresse indéfinissable. Tout le mouvement, toute la vie de la nature, à cette époque de l’année, n’est-ce pas de l’amour ? Mademoiselle Dubois était accoudée sur la fenêtre ; contre l’ordinaire, elle était oisive et ses yeux voilés se fixaient au dehors sans regarder aucun objet.