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res, partagé pour Albert entre l’amour, l’étude et l’amitié. Déjà l’on avait atteint le mois d’avril ; deux mois encore, et le concours avait lieu. On parlait souvent du succès comme s’il eût été certain ; on fixait le jour du mariage, on faisait des projets. Mademoiselle Dubois souriait volontiers à leurs rêves ; mais elle retombait tout aussitôt dans le sérieux un peu triste qui lui était habituel ; désormais elle s’en remettait à Pauline du soin de distraire Albert, et leur union semblait la rendre à la solitude. Albert, lui, eût bien voulu la mettre en tiers dans son bonheur, et ses efforts tendaient constamment à fondre ses deux affections dans une même harmonie ; mais il n’en pouvait venir à bout. Quand il causait avec Pauline, c’était presque toujours d’une manière qui mettait Marie en dehors de l’entretien, et quand il engageait la conversation avec son amie, Pauline restait silencieuse, ou ne savait que les interrompre en accaparant Albert.

Le printemps gonflait les bourgeons ; le soleil