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— Ils me mépriseraient, dit-il, parce que je n’ai rien et ne suis rien. Attendons.

Cela contraria Pauline, qui avait projeté de figurer avec son fiancé dans les derniers bals de la saison. Elle bouda même un peu ; ce qui ne la rendit pas moins jolie, car elle n’avait pas le courage d’être fâchée tout à fait. Ne pouvant se parer d’Albert, elle essaya du moins de le rendre jaloux. Assise en face de lui, dans un vieux fauteuil où elle se ployait gracieusement en étalant sur les chenets ses pieds comprimés dans de jolies bottines, elle lui demandait :

— N’êtes-vous pas fâché que j’aille au bal sans vous ?

— Non certainement, répondit-il, puisque je ne puis y aller et que cela vous amuse.

— Mais si là-bas quelqu’un m’aimait aussi ?

— Que m’importe ! puisque c’est moi que vous aimez.

— Et la valse, Albert, qu’en pensez-vous ?