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— Calmez-vous, lui dit mademoiselle Dubois d’une voix maternelle. À votre âge aucune situation n’est désespérée. C’est la solitude qui vous abat. Venez souper avec moi dans une heure, afin que nous puissions causer à l’aise de vos affaires, et d’ici là pensez que vous avez une amie.

Elle sortit, laissant Albert aussi étonné qu’ému de tant de bonté et de sympathie chez une femme si froide en apparence. Il se calma bien vite, selon la recommandation qu’elle lui avait faite, car toute sa nature ne demandait qu’à espérer et à aimer. Seulement, il fut honteux de la faiblesse qu’il avait montrée. Il lui sembla qu’il ne s’était pas conduit en homme, et il se promit de vivre désormais et, s’il le fallait même, de mourir en stoïque. Cependant il ne put se défendre de plaisir en songeant qu’il allait souper chaud et souper en compagnie, double agrément dont il n’avait pas joui depuis près d’un mois.

Mademoiselle Dubois reçut Albert dans un petit salon garni de vieux meubles, encore frais à