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le livre d’André Léo prendra sa place au-dessus de bien des romans qui ont peut-être attiré davantage l’attention publique. Ce qu’on peut encore prévoir, c’est que la main qui a signé ce pseudonyme ne s’en tiendra pas là et nous donnera bientôt d’autres œuvres dignes de toute l’attention de la critique.

Signé, Duriez.




EXTRAIT DU CONSTITUTIONNEL
DU 28 JUILLET 1863.


C’est un rare bonheur pour nous d’avoir à rendre compte d’un ouvrage aussi remarquable et aussi attachant qu’Un mariage scandaleux.

C’est une simple histoire qui se passe aux champs, presque une églogue, où se marient de la manière la plus heureuse le réalisme et la poésie. Disons d’abord que nous ne connaissons pas l’auteur, — M. André Léo, — nous ne pouvons même affirmer si c’est son véritable nom ou un pseudonyme. C’est le premier ouvrage qu’il livre au public ; mais que nous importe ! Ce sera avec une plus grande liberté que nous apprécierons son œuvre.

L’action se passe en Poitou, dans le village de Chavagny. Sur ce petit coin de terre se rencontrent et se heurtent, hélas ! comme partout, les préjugés, les démarcations sociales, la richesse et la pauvreté, la vertu et le vice, les meilleurs sentiments et les passions les plus mesquines ; enfin, tout ce qui fait l’éternelle gloire et l’éternelle honte de notre pauvre humanité. Ne vous effrayez pas cependant, l’auteur n’est pas un réformateur farouche. C’est simplement, sans déclamation, par la seule logique des faits, qu’il cherche à nous ramener à la nature et à la vérité, en nous racontant les chastes amours d’une jeune bourgeoise et d’un jeune paysan. Belle lectrice, ne commencez pas à faire votre petite moue dédaigneuse et à vous écrier : « Ah ! quelle horreur ! » continuez, et vous verrez que la fillette fit sagement et se trouva bien d’épouser cet honnête garçon ; car Michel est bon, intelligent, dévoué et délicat.