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tentent bien plus que la certitude. L’étude, la recherche, la connaissance acquise — ou plutôt conquise — par degrés, une gravitation vers un but : voilà la seule trame des jouissances profondes. Si l’amour est de ces jouissances la plus exquise et la plus haute, c’est qu’il touche à la plus vibrante des cordes de la lyre, l’être humain, le semblable, qui palpite au toucher, qui répond à la voix, dont le foyer s’allume à notre étincelle ; c’est qu’il est l’étude la plus mystérieuse de l’objet le plus profond. Aimer, c’est connaître, mais surtout, c’est apprendre. Quand on n’apprend plus, on aime encore, mais on ne jouit plus qu’à demi. La connaissance complète a tué le bonheur complet. Si le cœur garde ses affections, l’esprit inquiet cherche ailleurs sa route, et la vie dès lors n’a plus cette unité merveilleuse qui concentrait toutes les facultés sur le même objet, et donnait aux sensations cette enivrante poésie que l’on regrette toujours.