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qui sonnaient faux à l’oreille d’Albert. Il eût, quant à lui, méprisé cela, mais cette moquerie s’appliquant surtout à son amie l’indignait. Heureusement, Samuel, plus avisé que Pauline, fit à temps cesser le jeu.

La route était pittoresque et varice, on rencontrait des bois, des chalets, un torrent. Le soleil se fondait dans le lac et illuminait les cimes alpestres. Cependant, il y a trois lieues de Gourze à Lausanne ; on descend, il est vrai, mais on descend toujours, et peut-être à la longue est-ce plus fatigant que de monter. Pauline fut si lasse, mais si lasse, que ses plaintes gâtèrent la moitié du chemin. On se reposa pourtant à Lutry, jolie petite ville au milieu des vignes, sur les bords du lac, où l’on but un verre de vin blanc de Lavaux, ce qui eût formalisé une Française, mais n’embarrassa point nos deux Vaudoises. Ils se quittèrent en se donnant rendez-vous à trois jours de là, pour une promenade au bord du lac.