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encore la peine qu’on prend arrivait à bien ? mais quelquefois c’est pas les petits qui donnent le plus d’ouvrage.

— Eh ! mais qu’a donc Lisa, demanda Lucie, qui se souvint. Je l’ai trouvée aux champs qui pleurait.

Le visage de la mère devint sombre tout à coup.

— À savoir, répondit-elle d’un air contrarié. Que voulez-vous ? Les filles ont comme ça des lubies. Le père l’aura grondée ce matin. Elle ferait mieux de filer sa quenouille et de s’occuper de ses ouailles.

Soupçonnant quelque secret de famille, Mlle Bertin n’interrogea plus et parla d’autre chose. Un moment après, elle quittait la ferme et reprenait le même chemin.

Elle allait franchir la petite barrière qui fermait le pâturage où Lisa gardait ses moutons, quand elle vit à travers les branches de la haie M. Gavel debout auprès de la bergère. Habituée à ne rencontrer que des paysans, la jeune fille s’arrêta indécise. Sans doute elle ne pourrait passer près de M. Gavel sans qu’il la reconnût et sans échanger quelques mots avec lui. Or précisément elle avait ce jour-là sa robe la plus fanée. L’amour-propre, joint à la timidité, décida Lucie à se détourner, en suivant au dehors l’enceinte du pâturage au lieu de le traverser. Elle ne risquait pas d’être vue, marchant à l’abri d’énormes haies déjà feuillées, dont les branches croissaient en pleine liberté. Arrivée près de l’endroit où se trouvaient de l’autre côté M. Gavel et Lisa, elle ralentit même son pas léger pour ne faire aucun bruit ; car elle ne voulait pas être surprise en délit de sauvagerie. Alors elle entendit les sanglots de la petite Lisa, et M. Gavel qui lui parlait ainsi :

— Je te le dis, M. Bourdon lui-même a remarqué ton chagrin, et ta mère nous soupçonne. Si tu n’étais pas une véritable enfant, je croirais que tu veux me nuire, et je te haïrais. Mais non, prends cet argent et promets-moi d’oublier ce qui s’est passé entre nous. Tu auras bien