Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

métayère, que le petit chien Grisou avait renversé du tas de paille où sa mère l’avait assis, elle courut à lui.

— Je vois ce que c’est, dit M. Bourdon à son métayer. Bertin te doit encore la façon de l’année dernière !

— Tout juste, not’maît’, et c’est pas gai de travailler pour rien.

— Tu me dois bien dix-huit cents francs, toi, depuis trois ans.

Le métayer baissa la tête.

— Et je te tourmente si peu pour cela, que je vais t’avancer encore de l’argent pour la foire de Pairé. Ne fais donc pas le méchant avec les autres. Après tout, ce n’est pas le diable que d’envoyer là-bas demain et après-demain deux de tes gars avec quatre bœufs.

— Ça se fera donc, not’ maît’.

— Eh bien ! où est donc M. Gavel à présent ?

— Il a pris par là, dit Mourillon en montrant la chaume.

— C’est bon, c’est bon ! Qu’il se promène ; je n’ai pas besoin de lui.

Et M. Bourdon, suivi de son métayer, entra dans les étables.

Lucie aimait beaucoup les enfants. Elle prit le bambino dans ses bras, lui essuya le visage, et sut, à force de caresses, triompher de sa sauvagerie. Suzon et la petite Madeleine accoururent, et bientôt la Mourillon, apercevant Mlle Lucie, vint la saluer et s’asseoir auprès d’elle sur le tas de paille. On causa des petits. La mère disait leurs gentillesses que Lucie admirait sincèrement.

— Vous êtes heureuse, Mourillonne, d’avoir une si belle famille, des enfants si forts et si bien venus, depuis votre fils Cadet, un des plus beaux hommes du pays, jusqu’à ce petit Jean, si frais et si mignon.

— Héla ! mam’zelle, que de mal tout ça donne ! Si