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On acclama. Gavel salua tout le monde. Aurélie, rouge de pudeur et de contrariété, moitié sérieuse, moitié maussade, baissa les yeux sur son assiette, Mlle Boc regarda les Bertin d’un air triomphant, Mme Bourdon continua tranquillement à bourrer l’oncle Grimaud de friandises.

Bientôt après Aurélie s’éclipsa, en faisant signe à ses cousines et à Chérie, qui la suivirent. Quand elles furent toutes les quatre réunies dans le petit salon, Chérie accabla Aurélie de compliments sur son mariage, et Clarisse y joignit les siens.

— J’aurais désiré, dit Aurélie, qu’on m’épargnât davantage à table tout à l’heure ; mais je suis bien aise de pouvoir m’entretenir avec vous de ce grand changement dans ma vie.

Elle dit alors à ce propos, comme incidemment, tout ce qui pouvait relever les avantages de son mariage et le mérite de son fiancé.

— Vous l’aimez passionnément, n’est-ce pas ? demanda Chérie.

— Je dois maintenant l’aimer, répondit Mlle Bourdon.

— Tu habiteras Poitiers ? dit Lucie.

— Hélas ! oui ! fit-elle avec un long soupir, il faudra me séparer de ma mère.

Lucie eût été plus touchée de ce sentiment, si elle n’eût reconnu le soupir et la phrase d’une jeune mariée dont le Journal des Demoiselles avait raconté l’histoire.

Aurélie parla ensuite du magnifique trousseau que lui donnait son père et qu’on avait commandé à Paris ; mais elle ne dit rien qui associât ses cousines à son bonheur, et ne parla ni de les voir assister à ses noces, ni de les recevoir chez elle quand elle serait mariée. Ces choses-là n’avaient pas encore été traitées en Camille, et Aurélie n’aventurait pas plus un sentiment qu’une expression.

La famille Bertin se retira vers neuf heures ; M. Bertin