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et Grimaud. On n’attendait plus que la famille Perronneau.

Mais à cinq heures et quart, Mme Bourdon, se levant avec un doux sourire, déclarait que, M. le maire et Mmes Perronnelles se faisant trop attendre, on allait passer dans la salle à manger. Presqu’au même instant la porte s’ouvrit.

C’était M. le maire, suivi de sa femme et de sa fille, dont les hautes coiffes et les chaînes d’or apparurent resplendissantes derrière lui. Le chapeau à la main, l’air épanoui, ne songeant qu’à la noble compagnie au milieu de laquelle il pénétrait, à peine eut-il franchi la porte qu’il se mit à faire nombre de révérences, tant en arrière qu’à droite et à gauche, le tout sur les pieds de sa femme et de sa fille, qui, molestées de tous côtés et n’y pouvant tenir, furent obligées de lui donner des bourrades pour le repousser.

Mme Bourdon les accueillit avec les plus gracieux compliments et les plus doux reproches, puis, coupant court à leurs excuses, elle prit le bras de M. Grimaud pour passer dans la salle à manger. Chaque homme alors offrit le bras à une femme. L’ingénieur marchait le dernier, donnant le bras à Mlle Bourdon ; puis venaient Mlles Bertin et Perronneau qui n’avaient pas de partner. Pendant le trajet, le beau Fernand se pencha un instant vers sa compagne, et lui parla d’un tel air et avec un tel regard, que Chérie Perronneau poussa vivement le coude de Lucie en disant : — Avez-vous vu ? Lucie ne répondit pas. Elle avait très-bien vu, et cela lui avait saisi le cœur. Ce mot amoureux, ce regard tendre furent pour elle une révélation. Elle vit rougir sa cousine, et sentit elle-même une rougeur brûlante monter à ses joues, tandis que son amertume de la veille lui revenait au cœur.

Le dîner, excellent et copieux, était servi comme d’ha-