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l’entourait. Sa poitrine dilatée aspirait les émanations chaudes et odorantes de l’atmosphère ; elle se sentait bien ; elle était heureuse. Un an de ce bien-être, au milieu de ces belles choses, l’eût guérie.

— Il est plus de quatre heures, dit enfin Aurélie en regardante sa montre. Voulez-vous faire un tour de jardin avant le dîner ?

— Comme tu voudras, répondit Clarisse avec une intention marquée. Mais je crains bien que nous ne te retenions trop longtemps hors du salon.

— Pourquoi cela ? demanda Froidement Aurélie.

— Parce que ton absence doit paraître longue à quelqu’un.

— Je ne comprends pas, dit Mlle Bourdon en pinçant les lèvres. Ma mère sait où je suis.

— Que tu es dissimulée ! répliqua Lucie, Le secret dont nous te parlons est déjà celui de tout le monde.

— C’est possible, mais moi je l’ignore.

— Allons donc ! reprit Clarisse, tu ne te maries pas avec M. Gavel ?

La physionomie d’Aurélie sembla congeler l’air ambiant autour d’elle, quand elle répondit :

— Mes parents vous ont-ils confié leurs intentions sur ma destinée ?

— Assurément non, répliqua Lucie, et nous attendrons patiemment les publications officielles sans nous inquiéter davantage de ton sort

— Peut-être serais-tu moins formalisée, ma chère Lucie, répondit sa cousine, si tu voulais considérer qu’il ne m’appartient pas de faire connaître les décisions de mes parents avant qu’eux-mêmes l’aient jugé convenable.

Après cette digne réponse, l’entretien devenant de plus en plus froid, Aurélie ramena ses cousines au salon, où se trouvaient rassemblés Mlle Boc, M. le curé, MM. Bertin